Question orale de Mme Sobry à Mme Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes, sur « Les jeunes en situation de NEET (ni à l’emploi, ni en enseignement, ni en formation) ». La parole est à Mme Sobry pour poser sa question.
Mme Sobry (MR). – Madame la Ministre, la crise de la covid-19 a eu un impact important sur chacun d’entre nous, mais un chiffre récent a toutefois attiré mon attention, celui du nombre de jeunes en stage d’insertion professionnelle, qui a augmenté de 21 %, en mai 2020, par rapport à l’année dernière. Le phénomène particulier des NEET freine à se résorber et touche de plus en plus de jeunes, parfois hautement qualifiés ou avec même un diplôme universitaire en poche et qui ne parviennent pas à trouver du travail. La DPR prévoit un focus sur ce groupe de personnes que l’on appelle les NEET. Afin de lutter contre ce phénomène qui s’intensifie en Europe, plusieurs mesures précises sont prévues par la DPR
À la lumière des événements importants que nous traversons, comment comptez-vous et dans quels délais élaborer un plan d’information et de sensibilisation aux possibilités offertes aux jeunes par la Wallonie en adoptant une stratégie qui intègre tous les acteurs de contact avec les jeunes ?
Comment comptez-vous évaluer et, le cas échéant, multiplier les essais-métiers et autres opérations destinés à informer des NEET des offres organisées pour eux ?
Comment comptez-vous développer les opportunités de stages et les formations en entreprise pour les jeunes les moins qualifiés ?
Comment comptez-vous prévoir la réintégration dans les droits aux allocations d’insertion pour les NEET qui reprennent le chemin de la formation, par un accord entre l’autorité fédérale et les entités fédérées ?
Comment comptez-vous organiser des journées de stages d’essai des formations existantes ?
Au-delà de ces mesures très précises sur lesquelles je vous interroge, les mesures prévues par la DPR vous paraissent-elles suffisantes pour contrer l’augmentation de ce phénomène ? Pensez-vous qu’il faille mettre en place des mesures complémentaires et spécifiques ?
Mme Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes. – Madame la Députée, en complément de ce que j’ai déjà évoqué avec M. Sahli, je voudrais dire qu’il existe aussi, dans les différents panels pour insérer les jeunes dans l’emploi, la possibilité de conforter son projet professionnel avec des essais-métiers. Cela a été revu et optimalisé en 2017. Il y a 375 découvertes de domaines d’activité qui ont été possibles en 2019, 372 découvertes métiers et 2 847 confirmations de projets professionnels réalisés. C’est susciter la vocation, ouvrir les horizons des uns et des autres qui ont parfois une vision assez étriquée de l’horizon professionnel. C’est donc important que le FOREm essaie de les ouvrir, les élargir, et de tester des métiers.
Je prends l’exemple d’ouvrier en usinage. On a, par exemple, très peu de femmes dans ces métiers, alors que ce ne sont pas des métiers particulièrement pénibles ou où l’on se salit. Il suffit de l’essayer, pour des hommes comme pour des femmes, avec les dispositifs qui existent en termes de numérique, pour pouvoir essayer rapidement et se dire que ce sont des métiers en pénurie et dans lesquels ils peuvent se former relativement rapidement. Des formules de stages de mise en situation professionnelle permettent aussi de s’acculturer à la réalité du monde de l’entreprise, aux conditions de travail et aux exigences d’un métier. Il y a plusieurs formules, comme le stage de transition professionnelle ou la formation en alternance, qui permettent aussi aux jeunes d’acquérir une première expérience en entreprise. Depuis sa création, il y a eu 3 596 stages de transition qui ont été initiés.
Sur l’alternance, que ce soit le FOREm ou l’IFAPME, elle est encadrée par un contrat de formation professionnelle. Le jeune conserve le droit aux allocations d’insertion en complément d’autres avantages liés à son contrat. Il y a une suspension de la dégressivité et il y a aussi une dispense du contrôle de la disponibilité. Ce ne sont peut-être pas des éléments déterminants, mais ce sont des éléments importants pour la personne. Pour booster la formation alternée et en particulier des jeunes, des mesures ont été prises dans le cadre du déconfinement pour essayer d’assouplir les conditions d’accès au dispositif à tous les jeunes, qu’ils soient bénéficiaires d’allocations de remplacement ou non, qu’ils aient suivi ou non un cursus qualifiant au préalable. L’octroi d’insertion NEET qui reprennent le chemin de la formation n’est pas encore à l’ordre du jour, mais il convient de mentionner que la formation alternée des demandeurs d’emploi leur donne accès à une prime de minimum 350 euros par mois en fonction de la formation suivie.
L’avant-projet de décret relatif à la réforme de l’accompagnement du FOREm des chercheurs d’emploi – déposé au niveau du Gouvernement, jeudi dernier, et dont on parlera au Parlement dans les prochaines semaines – inscrit la formation en milieu de travail comme un des leviers de l’accompagnement et de l’insertion sur le marché de l’emploi. Il va donner une base légale aux MISIP et aux stages en entreprise. Il faut aussi noter que le demandeur d’emploi qui souhaite suivre une formation de plein exercice pour se préparer à un métier en pénurie bénéficiera de ces allocations avec, je l’ai dit, une dégressivité qui sera stoppée à la deuxième période de dégressivité. L’accompagnement TIM, comme son nom l’indique, Talent Impulsion Mobilisation, va permettre de prendre en compte aussi la situation du jeune, dans le contexte dans lequel il évolue aussi, en renforçant, dès son inscription ou sa réinscription, l’objectivation de ses compétences et sa prise en charge. C’est dans cet esprit-là aussi que le projet « Coup de boost » dans le Hainaut est désormais étendu aussi aux bassins de Liège, Namur et Arlon. C’est un dispositif qui associe l’animation collective et les entretiens individuels, des modes d’accompagnement complémentaires qui visent à exploiter la dynamique motivante du groupe, tout en proposant un accompagnement adapté et personnalisé pour chaque jeune. Avec la Garantie jeunesse, le Gouvernement wallon a mis en place un comité de pilotage qui regroupe l’ensemble des parties prenantes. Ces mesures développées dans ce cadre sont encore et seront encore, je l’espère, renforcées dans la prochaine programmation FSE Garantie jeunesse.
La Commission européenne, pour le moment, envisage d’étendre le public de la Garantie jeunesse aux jeunes de moins de 30 ans et de proposer une offre de qualité dans les six mois après changement de statut et non quatre mois comme prévu actuellement. Un des objectifs majeurs que la Commission souhaiterait atteindre avec la Garantie jeunesse, c’est une meilleure transition entre l’école et l’emploi ; c’est d’avoir une collaboration plus forte avec les services publics de l’emploi et le secteur de l’éducation et le souhait que les services publics de l’emploi coordonnent et stimulent les partenariats avec le secteur de l’éducation et les autres parties prenantes. Évidemment, j’adhère à ces objectifs. C’est aussi pour cela que je soutiens notamment les actions « les métiers vont à l’école », qui est une initiative menée par le FOREm, et des activités de sensibilisation aux métiers techniques, technologiques et manuels qui sont portées par Worldskills Belgium.
Avec mes collègues de la Fédération WallonieBruxelles et de la Cocof, je travaille aussi au développement du dispositif d’orientation tout au long de la vie, avec la Cité des métiers et le carrefour Emploi-Formation-Orientation. Des moyens supplémentaires viennent de leur être octroyés, dans le cadre du déconfinement, pour travailler sur l’offre de digitalisation. Je pense que l’on a eu l’occasion d’en discuter, lors de la dernière question, au sein de ce Parlement, pour mobiliser les jeunes, notamment avec la plateforme digitale Talk To. L’insertion des jeunes sur le marché du travail est une priorité pour moi ; elle sera également au cœur de l’optimisation des aides à l’emploi et à la formation, à l’évaluation desquelles je travaille actuellement avec les partenaires sociaux réunis au sein du GPS-W.