Question d’actualité de Mme Sobry à M. Borsus, Ministre de l’Économie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences sur « Le projet Legoland à Gosselies »
Mme Sobry (MR). – Monsieur le Ministre, tâchons de ramener un peu de sérénité avec du vrai débat parlementaire. Depuis que le site Caterpillar de Gosselies a fermé ses portes il y a maintenant quatre ans, plusieurs pistes de reconversion du site ont été envisagées tant il est vaste et idéalement situé entre la E42, l’aéroport de Charleroi et l’autoroute A54 qui fait Charleroi-Nivelles.
Après la start-up chinoise Thunder Power, c’est le groupe Merlin Entertainments qui s’intéresserait maintenant au site afin d’y construire un parc d’attractions Legoland. Il s’agit d’une chaîne qui est en expansion, puisque fort de huit parcs dans le monde, dont trois en Europe, le groupe ne cesse de construire de nouvelles implantations. En Europe, une étude de 2018 révélait que les parcs Legoland du Danemark et d’Angleterre se trouvaient dans le top européen en termes de fréquentation, avec plus de deux millions de visiteurs annuels chacun. À titre d’exemple, c’est le double de la fréquentation de Walibi, qui est le parc le plus populaire de notre pays.Par ailleurs, le parc semble être une aubaine, notamment pour le tourisme en Région wallonne et dans le grand Charleroi, qui pourrait, grâce au parc, attirer un nombre important de visiteurs tout au long de l’année, visiteurs belges, mais également en provenance des pays limitrophes et d’autres pays européens.
Il s’agit également d’une opportunité importante en termes de développement économique, puisqu’au niveau de l’emploi, on parle de près de 800 jobs à pourvoir. L’économie de toute la région pourrait ainsi être boostée par un tel projet. Je pense également aux nombreux établissements HORECA qui pourraient voir le jour aux alentours.Vous avez annoncé que les négociations n’étaient qu’au stade de l’étude et que d’autres projets restaient à l’analyse.
Où en sont les discussions ? Les négociations sont-elles plus concrètes aujourd’hui ? Avez-vous pu déjà projeter et quantifier les retombées économiques qu’un tel parc d’attractions pourrait avoir pour la Région ? Quid des autres projets de reconversion actuellement à l’analyse ? Cela signifie-t-il la mise au placard du projet Thunder Power ?
M. Borsus, Ministre de l’Économie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences. – Madame, Monsieur les Députés, je voudrais remercier les parlementaires pour les différentes questions et tous les partenaires qui sont mobilisés pour rendre un avenir au site. Je suis de ceux qui pensent que la priorité doit être d’ancrer une activité qui, en termes d’emploi, en termes de pérennité de celles-ci, de retombées, de partenariat, est une activité solide et à propos de laquelle nous puissions réunir les conditions de son établissement.
Il est exact que beaucoup d’efforts ont été mobilisés. J’ai moi-même rencontré le CEO à Shanghai, mes prédécesseurs ont aussi travaillé le dossier. Beaucoup d’efforts ont été mobilisés pour concrétiser l’implantation de Thunder Power à Charleroi. Je dois bien observer qu’un certain nombre de reports successifs ont dû être déplorés en ce qui concerne ce projet. Certains sont parfaitement explicables. Que l’on prenne six mois, neuf mois dans la vue, eu égard à la crise du coronavirus, de l’interdiction des déplacements et d’autres éléments de difficulté, c’est une évidence. Cependant, d’autres retards précédents étaient à noter notamment en ce qui concerne l’homologation, l’appel de fonds, ou bien la mise en œuvre de l’usine sœur à Hangzhou par exemple.
Dès lors, en lien avec la SOGEPA, nous considérons désormais que le dossier n’est plus prioritaire. Cela ne veut pas dire que l’on ferme la porte. Il y a d’ailleurs eu de nouveaux contacts récemment, mais à l’évidence j’ai toujours indiqué que ce dossier était fragile, mais fermer les yeux aujourd’hui sur l’addition des difficultés serait à mon avis une attitude peu opportune. À l’inverse ou en parallèle, le fait qu’un grand groupe du secteur de loisirs de dimension mondiale ait marqué un intérêt pour le site est aussi une opportunité, nous semble-t-il.
Nous avons tout d’abord, notamment en lien avec l’AWEx, avec le bourgmestre de Charleroi, avec d’autres interlocuteurs, mené une étude préalable qui était de voir si un parc d’attractions et de loisirs de cette ampleur a sa place sur notre territoire et ne va pas générer un effet absorbeur sur les autres parcs d’activités et de loisirs de notre territoire. Par ailleurs, la zone d’achalandise autour de la Wallonie justifie-t-elle cette implantation ? Le volume d’emplois annoncés – vous l’avez évoqué, Madame Sobry – est-il un chiffre pertinent ?
Notre réponse est à cet égard positive. Nous pensons que ce projet mérite examen, effort, partenariat. Bien sûr, des conditions complémentaires doivent être rencontrées. Il faut bien mesurer l’impact positif, mais n’y a-t-il pas aussi, par exemple sur l’HORECA, des conséquences négatives ? Tout cela doit être bien balisé. En même temps – dernier élément de mon raisonnement, vous l’avez aussi évoqué, Madame Sobry, Monsieur le Député –, je pense que ce site est exceptionnel : 93 hectares localisés à cet endroit, à proximité aussi de l’aéroport. On n’a pas de multitude de sites de cette nature-là en Wallonie. Dès lors, ne faisons l’économie d’aucune hypothèse, d’aucune possibilité – le dossier d’autres possibilités n’est pas fermé – de manière à ce que l’on puisse rendre vie à ce site.
Je rappelle un dernier élément qui me paraît important. Il y a d’autres sites à Charleroi et dans l’espace métropolitain à Charleroi. On sait que l’on a une opération sur le site de Carsid, de rénovation de cet ancien site industriel. Je suis de ceux qui pensent que c’est plusieurs pôles d’activité autour des biotechs, du pharma, de l’industriel, des loisirs qui peuvent contribuer à soutenir cette volonté que je partage totalement qui est de rendre un rôle moteur de développement socio-économique majeur à nos métropoles. Charleroi étant une de nos deux métropoles majeures.