Question orale de Mme Sobry à Mme Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Egalité des chances et des Droits des Femme « Le développement d’activités thérapeutiques pour les résidents des institutions d’hébergement ou d’accueil atteints par la maladie d’Alzheimer »
Mme Sobry (MR). – Madame la Ministre, en Wallonie, on estime entre 41 000 et 54 000, le nombre de personnes qui sont atteintes d’une démence ou d’une maladie neurodégénérative apparentée, comme la maladie d’Alzheimer, et plus de 60 % d’entre eux ont plus de 80 ans. Les patients qui en souffrent ont besoin de soins spécifiques, tant en termes médicaux qu’en termes de prise en charge psychologique. Bien que des aidants proches et professionnels puissent aider la personne à rester autonome le plus longtemps possible, une grande partie des patients atteints de la maladie d’Alzheimer séjournent en maisons de repos et de soins. J’ai plusieurs questions à ce sujet, Madame la Ministre.
Tout d’abord, afin de respecter les engagements de la DPR, quelles innovations peuvent être mises en place au sein des centres de soins de jour, centres de courts séjours, maisons de repos et de soins, et autres hébergements afin d’améliorer cet encadrement spécifique ?
Depuis 2017, via des fonds européens Interreg, un projet de formation des professionnels à domicile par rapport à la thématique de l’épuisement des aidants proches de personnes atteintes d’une maladie neurodégénérative est en place ainsi que d’autres programmes de renforcement de l’efficacité et de la pertinence des actions de l’aidant pour mieux faire face à la maladie.
Pouvez-vous m’indiquer où en sont ces différents programmes et avec quels effets concrets sur le terrain ?
Ensuite, la Ligue Alzheimer inaugurait cette année un tout nouveau concept dans les maisons de repos et de soins : les « Alzheimer Cafés ». L’initiative était lancée à Herve et à Waterloo.
Crise covid étant, pensez-vous néanmoins que ce dispositif pourra être démultiplié à moyen terme ? Avec quel encadrement, le cas échéant ?
Envisagez-vous plus globalement d’accroître l’offre ou la possibilité d’offrir plus d’activités variées à visée thérapeutique pour les pensionnaires de maisons de repos et maisons de repos et de soins souffrant de la maladie d’Alzheimer ?
Mme Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes. – Madame la Députée, les personnes atteintes de troubles cognitifs constituent la majorité des habitants dans de nombreuses maisons de repos et de soins, les centres de jour et les centres de soins et de jour. La crise sanitaire a montré combien ce public cible a été impacté lors d’un isolement en chambre. Pour prévenir leur déclin cognitif et préserver leur dignité, ces résidents ont besoin d’un accompagnement spécifique. C’est la raison pour laquelle des mesures spécifiques ont été prises pour améliorer l’accompagnement de ces personnes dans les institutions d’hébergement et d’accueil pour aînés. La réglementation prévoit la mise en place des projets de vie individualisés dans les unités de vie adaptées et les unités de vie en journée.
Concrètement, en tenant compte de l’histoire et des habitudes de vie du résident, mais aussi de ses capacités préservées, l’équipe propose, en concertation avec le résident ou la famille, la réalisation d’un ou plusieurs objectifs d’ordre relationnel, social ou de revalidation. Depuis janvier 2019, plus de 300 professionnels, en ce compris des directions, ont été formés au projet de vie individualisé. Pour l’offre d’activités thérapeutiques à destination de ce public, il fait nuancer la notion d’activités thérapeutiques. Je suis sensible aux voix qui dénoncent le thérapeutique à tout prix quand on s’adresse aux aînés en perte d’autonomie. Pourquoi parler d’activité thérapeutique dès lors que l’on réalise une activité avec un aîné ? N’est-ce pas stigmatiser l’aîné que de le réduire à sa position de patient à soigner ? Dès lors, la notion de prendre soin prend tout son sens et spécifiquement pour les aînés qui présentent des troubles cognitifs.
Des méthodes favorisent l’autodétermination de ce public cible et proposent des activités porteuses de sens. L’approche « Montessori », je pense que j’en ai déjà parlé ici, la technique de la validation, encore le « Change Management », sont ainsi de plus en plus mis en place sur le terrain. En ce qui concerne l’accompagnement des aidants, vous mentionnez les Alzheimer cafés, organisés par la ligue Alzheimer, qui proposent plusieurs lieux de parole en maisons de repos et de soins à destination des proches. La plupart sont coordonnés par le référent pour la démence de la maison de repos. La direction des aînés est d’ailleurs en contact permanent avec la coordination des six antennes référentes pour la démence en Wallonie-Bruxelles.
Vous questionnez aussi sur les retombées du projet Interreg qui s’est clôturé le 12 février 2018. Au total, 221 professionnels franco-belges ont été formés au repérage des aidants en situation d’épuisement personnel et à l’accompagnement individualisé de ceuxci. Au total, 53 jours de formations ont pu être dispensés. Ces professionnels formés restituent à leur tour la formation au repérage auprès d’autres acteurs du domicile sur leur territoire, soit 1093 personnes formées au repérage de part et d’autre de la frontière.
Les accompagnements individualisés se poursuivent avec plus de 200 aidants qui ont réalisé des séances de counseling. Ce projet a été renforcé par un module « SOS/SOUTIEN SOCIAL-CORONA » qui consiste à faciliter le maintien des liens sociaux et affectifs et ce, malgré des contacts limités avec leurs proches. Concrètement, il s’agit d’offrir, début janvier 2021, aux résidents, un accès aux communications en visioconférences avec leurs proches grâce à la fourniture d’une tablette à ces établissements. Des tutos motivationnels et d’utilisation d’une tablette seront aussi mis en ligne.