Question de Mme Sobry à Mme Désir, Ministre de l’Éducation sur «L’enseignement à distance et les ateliers manuels»
Mme Rachel Sobry (MR). – Depuis plusieurs mois, l’enseignement s’adapte à la crise sanitaire selon des codes couleur et une hybridation de l’apprentissage. La situation est difficile à vivre pour tout le monde, surtout pour les élèves qui ne disposent pas du matériel informatique nécessaire au suivi des cours depuis leur domicile dans de bonnes conditions. En outre, certains apprentissages sont encore plus touchés par cette situation. C’est notamment le cas des élèves de l’enseignement professionnel et technique, dont une partie des cours consiste en des ateliers pratiques censés les former à certains métiers manuels. À l’Institut Don Bosco de Liège, les professeurs tentent de s’adapter en réalisant des tutoriels vidéo afin que les élèves ne soient pas complètement déconnectés des ateliers pratiques. Bien que l’intention soit louable, un tutoriel pour apprendre les bases de la menuiserie, par exemple, ne remplacera jamais un exercice pratique permettant de développer le savoir-faire nécessaire. Hélas, certains élèves de l’institut liégeois ont déjà perdu 250 heures de cours pratiques. Les élèves en menuiserie, en soudure ou en mécanique n’ont aucun moyen de s’exercer chez eux ; l’apprentissage des méthodes et des techniques de travail est donc plus lent qu’en temps normal.
Madame la Ministre, les ateliers et cours pratiques de l’enseignement secondaire technique et professionnel sont-ils soumis à la même hybridation que les cours plus théoriques ? Le cas échéant, une différence de traitement pour l’éducation aux métiers manuels ne serait-elle pas envisageable ?
Lorsque l’évolution de la crise sanitaire permettra un retour à une présence physique plus importante, ces cours jouiront-ils d’une primauté sur les cours plus théoriques ?
Comment éviter que l’importante perte d’heures de formation pratique porte préjudice aux élèves concernés ?
Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – Si le basculement en code rouge de l’organisation de l’enseignement obligatoire a nécessité la mise en place de procédures d’hybridation, la circulaire 7816 du 31 octobre 2020 précise toutefois que les modalités d’organisation relatives à la mise en œuvre de l’hybridation sont laissées à l’appréciation des équipes éducatives. Les établissements ont donc dû effectuer des choix pour appliquer concrètement les dispositions, qu’il s’agisse de la présence des élèves à l’école ou de l’organisation des cours théoriques ou pratiques. Les équipes pédagogiques ont fait preuve d’une réelle créativité en réalisant, notamment, des tutoriels vidéo. Toutefois, l’organisation des horaires des élèves reste de la responsabilité des directions et des pouvoirs organisateurs (PO). Certains établissements ont réservé l’enseignement présentiel aux cours de pratique professionnelle, tandis que d’autres ont fait le choix de l’organiser une semaine sur deux ou de diviser la semaine en deux et trois jours.
Je suis persuadée que l’ensemble du corps pédagogique met tout en œuvre afin de permettre aux élèves d’acquérir les compétences de base malgré la perte d’heures de cours à l’école ou de pratique professionnelle. Au-delà des acquis d’apprentissage attendus, les élèves qui traversent la crise sanitaire développent d’autres compétences telles que l’adaptabilité, la flexibilité, le sens de l’organisation ou encore la rigueur, qui constitueront des atouts majeurs dans la poursuite de leur apprentissage et de leur insertion socioprofessionnelle. De telles compétences ne sont évidemment pas mesurables et il est encore trop tôt pour évaluer objectivement les conséquences de la crise, qui est malheureusement toujours en cours.