Question de Rachel Sobry à Celine Tellier, Ministre de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal:”L’aspirateur de déchets flottants installé en Flandre”
Rachel Sobry (MR) – Il y a quelques jours, un aspirateur de déchets flottants a été installé le long du canal de l’Oostkaai à Merksem, près d’Anvers. Le River Skimmer, qui fonctionne selon le même principe qu’un skimmer de piscine, est capable de filtrer 800 mètres cubes d’eau par jour. Grâce à ce dispositif, 15 à 20 kg de déchets flottants, principalement du plastique, seront sortis de l’eau chaque semaine.
Outre le nettoyage des cours d’eau, certes partiel, le River Skimmer peut jouer un rôle de sensibilisation auprès de la population qui n’est pas habituée à voir de telles quantités de déchets être repêchées.
Deux autres cours d’eau de la région anversoise sont actuellement à l’étude en vue de l’installation d’un appareil. De nouveaux River Skimmers devraient être installés aux abords du canal de Bruxelles ainsi qu’à Gand. En Wallonie, le projet avait fait l’objet d’une démonstration à Namur l’an dernier, sans que cela ne se concrétise ensuite.
Bien sûr, il ne s’agit pas de la solution miracle pour lutter contre la pollution des cours d’eau, mais celle-ci ne peut qu’avoir un impact positif, tout comme d’autres systèmes tels que des barrages filtrants ou des bateaux collecteurs de déchets. Ce type d’installations pourraient permettre de tendre vers certains objectifs environnementaux et de propreté publique, repris dans la Déclaration de politique régionale comme la préservation de la biodiversité, la mise en conformité des eaux de baignade et la lutte contre la malpropreté.
Quels sont les dispositifs en place en Wallonie pour nettoyer les cours d’eau ?Le Gouvernement envisage-t-il l’installation de tels appareils ?La pollution des cours d’eau en Wallonie est-elle aussi importante qu’en Flandre ? Comment sensibiliser davantage les citoyens à la pollution des eaux ?
Celine Tellier, Ministre de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal – Le 20 janvier 2021, le premier River Skimmer de Belgique a été installé officiellement sur l’Oostkaai à Merksem. Il s’agit d’une initiative de l’ASBL belge River Cleanup qui sensibilise les citoyens au problème des déchets sauvages le long des rivières. Avec ce projet, River Cleanup entend non seulement activer les bénévoles, mais aussi franchir une étape supplémentaire dans l’élimination des quantités astronomiques de plastiques qui aboutissent chaque année dans les océans.
Le principe de fonctionnement du River Skimmer pour collecter les déchets flottant sur les cours d’eau est assez similaire à celui des skimmers de piscine, qui aspirent en continu les déchets via de grandes ouvertures. À l’intérieur du système, l’afflux continu d’eau crée un effet de tourbillon empêchant les déchets de s’échapper. Une fois le conteneur plein, l’utilisateur peut soulever l’appareil et retirer facilement les déchets du conteneur.
Le système mis en place à Merksem purifie 500 litres d’eau par minute, ce qui représente 800 m³ par jour, soit un peu moins de 300 000 m³ par an.
À défaut de pouvoir prévenir la présence de déchets dans les cours d’eau via le réseau des stations d’épuration et les mesures prises pour améliorer la propreté publique (via notamment les plans locaux de propreté), la mise en place de ce type de dispositif sur les cours d’eau wallons les plus impactés et qui s’y prêtent le mieux devrait constituer un outil efficace, venant utilement compléter et renforcer les actions déjà menées.
En effet, depuis 2014, les contrats de rivière procèdent à la mise en place ponctuelle de barrages flottants qui, même s’ils ne permettent pas d’extraire l’entièreté des objets polluants des cours d’eau, œuvrent aussi à la sensibilisation de la population. Celle-ci peut encore être renforcée, en associant à l’installation de ces barrages des pancartes informatives et/ou des activités sur la durée de vie des déchets par exemple.
Ces barrages ne peuvent pas être installés toute l’année pour différentes raisons. La principale est qu’en cas de coup d’eau, les barrages risquent de lâcher, de créer des embâcles en aval et de provoquer ainsi des inondations. Par ailleurs, les déchets doivent être récoltés régulièrement, ce qui nécessite de la main-d’œuvre et la mise en place d’accords pour la prise en charge du transport et du traitement des déchets.
Les deux dispositifs (skimmer et barrages flottants) doivent s’envisager de manière complémentaire, dans le sens où les skimmers permettent une collecte en continu de déchets flottants de taille limitée, alors que les barrages facilitent la collecte de déchets de plus grande taille, mais de manière plus ponctuelle dans le temps.
À l’heure actuelle, il est impossible de préciser si les cours d’eau en Wallonie drainent plus de déchets (flottants et immergés) que les cours d’eau situés en Flandre, faute de statistiques suffisamment fiables et représentatives sur le sujet.