Question écrite de Madame Rachel Sobry à Madame MORREALE Christie, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Egalité des chances et des Droits des femmes à propos du manque de prévention sur les accidents vasculaires cérébraux
Madame la Ministre,
À l’occasion de la 42e Semaine du cœur, la Ligue cardiologique belge tire la sonnette d’alarme à propos des accidents vasculaires cérébraux en Belgique. En effet, ceux-ci font, d’après les spécialistes, trop peu de prévention. La crise sanitaire et la saturation que certains hôpitaux ont pu connaître ont, semble-t-il, contribué à ce manque de prévention.
En Belgique, les AVC sont devenus des accidents particulièrement fréquents puisque environ 60 personnes en seraient victimes chaque jour. Il s’agit d’ailleurs de la deuxième cause de mortalité du pays et la première cause de handicap chez l’adulte. On estime qu’une personne sur quatre de plus de 25 ans aura un AVC une fois dans sa vie.
Il existe bien évidemment certains facteurs qui aggravent le risque comme le diabète, le tabagisme, l’hypertension et la sédentarité. Chez ces profils, il est important de procéder ponctuellement à une échographie de l’artère carotide. La prévention la plus efficace reste l’apprentissage des gestes qui peuvent sauver ou, tout du moins, éviter les conséquences les plus dramatiques. Pour ce faire, le test « VITE », pour Visage – Incapacité – Trouble de la parole – Extrême urgence, permet d’identifier l’AVC et d’y réagir de manière efficace.
La prévention a-t-elle été négligée durant le Covid ?Quelles initiatives prend le Gouvernement pour éviter le plus possible les accidents dramatiques ?Une campagne de sensibilisation et d’information relative à la procédure « VITE » est-elle envisagée ?
Réponse de Madame la Ministre MORREALE Christie
Un accident vasculaire cérébral (AVC) est une affection qui touche l’apport sanguin dans une partie du cerveau. Une partie du cerveau ne reçoit donc plus d’oxygène pendant un temps plus ou moins long. Cela provoque des pertes soudaines de certaines fonctions du corps.
L’AVC est un terme collectif qui désigne différents problèmes survenant dans le cerveau :
– infarctus cérébral : un caillot de sang bouche un vaisseau sanguin du cerveau ;
– hémorragie cérébrale : un vaisseau sanguin du cerveau éclate.
Un infarctus cérébral est généralement provoqué par un caillot de sang qui bouche une artère de la tête ou du cou (thrombose). Dans ce cas, le caillot se forme sur place, dans l’artère, généralement lorsque celle-ci est calcifiée (artériosclérose). Un caillot peut également se former ailleurs, par exemple dans le cœur, être emporté dans la circulation sanguine et finir par se coincer dans une artère du cou ou du cerveau (embolie). Les troubles congénitaux de la coagulation peuvent également être à la base de la formation de caillots.
Les gens ont tendance à parler de « thrombose » pour désigner un accident vasculaire cérébral. Mais l’AVC peut aussi bien correspondre à une thrombose qu’à une embolie. Ce terme fait en réalité référence à un événement soudain affectant un vaisseau sanguin du cerveau.
D’après l’enquête nationale de santé de 2018, la fréquence des AVC en Belgique est relativement stable depuis 1997. Chaque année, environ 7 personnes sur 1 000 ont un AVC. Les hommes en sont plus souvent victimes que les femmes.
Le pourcentage de personnes ayant eu un AVC varie fortement en fonction de l’âge. De 0,1 % en dessous de 45 ans, ce pourcentage augmente progressivement pour atteindre 2,4 % après l’âge de 75 ans.
Les symptômes caractéristiques d’un infarctus cérébral sont les déficits fonctionnels soudains : certaines fonctions s’arrêtent brusquement. Il peut s’agir de fonctions motrices et/ou de fonctions sensorielles. Une perte des fonctions motrices se traduit par une paralysie musculaire. En cas de déficit des fonctions sensorielles, la perte de sensation est prédominante.
Un infarctus cérébral résulte généralement en une paralysie d’un seul côté du corps (hémiplégie). Une moitié du corps présente une paralysie flasque : un bras, une jambe et une moitié du visage.
Les symptômes et l’examen clinique neurologique permettent au médecin de connaître le risque d’avoir un infarctus cérébral. Dans ce cadre, il évalue la force des bras et des jambes, les sensations, les sens, l’équilibre, la démarche, les réflexes, la mémoire et la capacité de raisonnement.
En cas d’infarctus cérébral, vous serez toujours orienté en urgence vers l’hôpital pour des examens complémentaires du cerveau et du cœur. Sont prévus : une échographie des vaisseaux du cou, un CT scan et/ou une IRM du cerveau, ainsi qu’un électrocardiogramme (ECG) et une échographie du cœur (échocardiographie).
Le moyen mnémotechnique FAST (VITE en Français) est une façon de détecter précocement l’AVC lorsqu’il apparait.
F pour Face (Visage) : vous demandez à votre interlocuteur de sourire sa bouche est de travers
A pour Arm : vous demandez à votre interlocuteur de lever les deux bras devant lui ou elle et l’un des deux bras présente une faiblesse
S pour speech (Trouble de la parole) : Vous demandez à votre interlocuteur de répéter une phrase après vous et il ou elle est confus.
T pour time (Agir vite) : Pour rappeler qu’en cas de suspicion d’AVC il n’y a pas de temps à perdre, il faut appeler le 112.
Il est possible d’influencer un grand nombre de facteurs de risque, tels que le tabagisme, la consommation excessive d’alcool, l’excès de poids, les mauvaises habitudes alimentaires et le manque d’exercice physique.
Un bon suivi du traitement des maladies préexistantes ou des facteurs de risque tels que la tension artérielle élevée, le taux élevé de cholestérol, le diabète et les troubles du rythme cardiaque est également essentiel.
La Région wallonne finance actuellement plusieurs projets de prévention en agissant sur les modes de vie dont les acteurs intervenant dans la mise en œuvre du Plan Wallonie Sans Tabac, la Campagne Tournée Minérale, l’Association belge des Diabètes, différents projets relatifs à l’alimentation équilibrée et durable et l’activité physique ainsi que le site info santé.be qui vise à apporter une information validée et compréhensible de toutes et tous sur divers sujets de santé dont l’AVC.
La prévention n’a pas été négligée durant le Covid, certaines actions ont été adaptées et renforcées.
En effet, deux axes du Plan prévention santé Horizon 2030 pour la Wallonie ciblent particulièrement la lutte contre les AVC. Il s’agit de la Promotion des modes de vie et des milieux de vie favorables à la santé – promotion d’une alimentation équilibrée, lutte contre la consommation excessive d’alcool et contre le tabagisme et promotion de l’activité physique et lutte contre la sédentarité ainsi que la prévention des maladies chroniques avec la prévention des maladies de l’appareil circulatoire et du diabète de type II.
Quant à l’opportunité pour l’AViQ de faire une campagne de sensibilisation aux signes avant-coureurs d’un AVC, elle n’est pas écartée, mais pas planifiée à ce stade au vu du fait que les opérateurs font déjà de la sensibilisation aux risques d’AVC à travers leurs différentes actions.