Question écrite de Madame Rachel Sobry à Monsieur HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l’Energie et de la Mobilité
Monsieur le Ministre,
- Nos voisins flamands ont décidé d’investir massivement dans l’hydrogène. En effet, 100 millions d’euros seront investis dans 5 projets liés à l’hydrogène, dont des usines pour produire de l’hydrogène durable, mais également l’utilisation de l’hydrogène pour fabriquer de l’acier durable ou pour reconvertir le CO2 en carburants durables.
S’il apparait de plus en plus probable que l’hydrogène aura un important rôle à jouer dans la décarbonation de l’économie mondiale, la plupart des pays et régions du monde prennent les devants pour développer cette industrie de demain. En Allemagne, la société Sunfire, basée à Dresden, vient de lever 109 millions d’euros, soit le plus gros investissement jamais réalisé par une entreprise privée dans le secteur de l’hydrogène vert.
En Wallonie, la société John Cockerill propose des solutions de production, stockage et distribution d’hydrogène vert. Ideta et Luminus sont également actifs dans le secteur. Alors qu’il est prévu dans la Déclaration de politique régionale que le Gouvernement prendra des initiatives pour poser les bases de l’économie de l’hydrogène et des combustibles de synthèse, les investissements concrets de la Région dans l’hydrogène vert restent peu connus.
Où en est la Wallonie en termes d’investissements dans l’hydrogène vert ?
Les investissements prévus dans le Plan de relance vont-ils se concrétiser prochainement pour permettre à cette filière de prendre son envol ?
Comment, concrètement, la Wallonie va-t-elle s’inscrire comme acteur de la filière hydrogène vert ?
Réponse de Monsieur le Ministre HENRY Philippe
Comme j’ai déjà pu le mentionner, la question de l’hydrogène est cruciale dans la transition énergétique et la décarbonation de nos économies. L’actualité nous le rappelle et nous attendons de voir apparaître les futures lignes directrices en la matière que l’Europe devrait présenter en décembre prochain. Ces lignes directrices seront un maître-étalon absolu dans les politiques européennes à venir.
La seule certitude à ce stade est qu’il y a une réelle ambition politique dont il faudra bien garantir les contours afin d’éviter toute surenchère qui pourrait s’avérer plus contreproductive que bénéfique.
Le financement de ces technologies sera un élément clé. Car elles coûtent cher et d’autant plus lorsqu’il s’agit d’hydrogène renouvelable. Dans le cadre du plan de relance européen, des budgets importants ont déjà été inscrits par la Wallonie. Moi-même, j’ai lancé un appel à projets dont l’échéance était fixée au 15 octobre dernier, appel doté de 25 millions d’Euros, dont une partie importante issue justement du Fonds wallon Kyoto. Des premiers retours, cet appel semble avoir reçu un écho plutôt favorable. Les résultats définitifs sont attendus pour mi-novembre.
Ce succès, s’il se confirme dans la qualité des propositions déposées, nous incite évidemment à construire une approche robuste de la filière en Wallonie et en Belgique.
Des contacts étroits sont en cours entre les Régions et le Fédéral, principalement en ce qui concerne les aspects essentiellement juridiques et techniques. Ces contacts devraient mener à une approche cohérente et complémentaire entre les différents niveaux de pouvoirs belges.
Au niveau wallon, mes services travaillent actuellement sur une feuille de route. Un marché est d’ailleurs en cours de validation afin d’accompagner de manière structurelle la Wallonie dans la constitution de cette feuille de route dont j’attends qu’elle puisse donner des balises claires au marché. Que ce soit à ceux qui dépendent déjà de l’hydrogène, mais également ceux qui ont envie de s’insérer dans la filière. Comme IDETA par exemple.
Au niveau du financement à venir d’actions, nous devrons en définir mieux les contours. On peut en effet penser aux aides à l’investissement classiques, mais de rappeler qu’une part importante des coûts de l’hydrogène vert relève du coût de l’électricité. Les fluctuations brutales des coûts énergétiques tels que nous les constatons et l’émergence de plus en plus fréquente d’électricité à coût négatif sur les marchés montrent qu’il existe déjà des niches qui permettent d’affiner le modèle économique nécessaire à soutenir la filière.
À ce titre, l’appel dont j’ai fait mention doit permettre de mieux connaître, également, l’état de la question puisqu’un des critères de sélection des projets vise justement la question du modèle économique.
Les projets qui seront sélectionnés dans le cadre des actions du Plan de relance devront permettre à l’hydrogène de s’ancrer dans le tissu économique wallon.