Question orale de Madame Rachel Sobry à MORREALE Christie, Ministre de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes, sur “L’idée d’une politique d’emploi asymétrique et les propositions de la Ministre flamande de l’Emploi”
Madame la Ministre,
La Conférence sur l’emploi qui était organisée par le ministre Dermagne a été le théâtre d’un débat par rapport à l’opportunité de mettre en place des politiques de l’emploi beaucoup plus différenciées dans les différentes régions du pays. Votre homologue flamande, Hilde Crevits, a d’ailleurs lancé le débat dès le début de la première journée de la conférence, en plaidant pour des solutions sur mesure par région.
Il est vrai que, rien qu’en ce qui concerne les fins de carrière, par exemple, la donne est très différente en Flandre, où l’on observe un vieillissement de la population, et à Bruxelles, où la population est nettement plus jeune. Des propositions concrètes ont alors été fournies par la ministre flamande de l’Emploi. En effet, elle voudrait permettre aux malades de longue durée de travailler plusieurs jours par semaine, s’ils le souhaitent et si leur santé le leur permet évidemment, sans que cela n’entraîne une perte d’allocations.
Par ailleurs, elle souhaite pouvoir orienter les personnes en chômage temporaire intensif, soit plus de 10 jours par mois pendant au moins trois mois consécutifs, vers le VDAB pour qu’elles puissent y suivre une formation. Elle considère, comme cela, qu’il n’est pas normal de ne pas pouvoir former ces personnes, qui sont souvent peu qualifiées. Par la voix de votre chef de cabinet adjoint, vous avez admis qu’une approche spécifique par région pourrait être utile et efficace.
Une régionalisation plus poussée de la compétence de l’emploi vous paraît-elle opportune ? En quoi pourrait-elle être plus efficace ? Quelle est votre position quant aux deux propositions concrètes, que je viens d’évoquer, de votre homologue flamande ?
Réponse de Madame la Ministre MORREALE Christie
Le ministre fédéral de l’Emploi, M. Dermagne, a confirmé qu’il souhaitait soutenir les entités fédérées dans leurs politiques respectives et s’est montré ouvert à des collaborations asymétriques dans le respect des compétences de chacun. Ce qui m’importe essentiellement, ce sont surtout des résultats plutôt que des réflexions institutionnelles. Nos marchés de l’emploi, qu’ils soient wallon, bruxellois ou flamand, sont différents. En Flandre, par exemple, on a un nombre de malades de longue durée plus élevé que le nombre de demandeurs d’emploi. En Wallonie, par contre, même si le problème existe, il est moins important. On doit surtout se concentrer sur la montée en compétences de nombreux chercheurs d’emploi, en particulier les jeunes.
En ce qui concerne les malades de longue durée, il convient surtout de réfléchir à comment améliorer les conditions de travail afin d’éviter de se retrouver dans la même situation que la Flandre. Travailler sur la source des problèmes me semble plus efficace que de se concentrer sur les conséquences. On est tous d’accord sur la nécessité de développer et de renforcer la culture de la formation, où l’entreprise et le travailleur prennent leurs responsabilités. La réforme des aides à la formation est en cours, le GPSW finalise ses travaux et la réforme va d’ailleurs dans ce sens.
En conclusion de cette Conférence nationale pour l’emploi, un plan d’action, concerté avec les partenaires sociaux, va nous être présenté par le ministre Dermagne durant l’automne. Ce plan d’action devra mettre très certainement l’accent sur l’importance de l’accès à la formation des travailleurs de plus de 55 ans, le lien entre l’ancienneté et la rémunération, le retour des malades de longue durée et l’attention à apporter, en termes d’aménagement de fin de carrière, en lien avec la proposition de la réforme des pensions actuellement discutée au niveau du Gouvernement fédéral.
Je me prononce rarement sur les régionalisations en tant que telles, même si ce sont des discussions intéressantes. Quelle que soit ma position, de toute façon, d’ici 2024, les choses ne changeront pas. Je vais donc surtout essayer de m’attacher à développer le maximum d’améliorations possibles pour augmenter le taux d’emploi des personnes peu qualifiées, à travailler à de l’emploi de qualité et durable puis essayer de travailler, comme on l’a fait avec le ministre fédéral de la Santé, à une collaboration étroite sur les aspects « emploi » et « travail » pour permettre de relever ces défis malgré la crise sanitaire et malgré les difficultés auxquelles nous sommes confrontés en Wallonie en conséquence des inondations.