Question orale de Madame Sobry à Madame LINARD Bénédicte, Ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des Femmes sur “L’inclusion des déficients sensoriels via l’art et la culture”
Madame la Ministre,
«La culture est un élément essentiel de l’épanouissement personnel et d’un vivre ensemble harmonieux»: telles sont les premières lignes du chapitre 11 de la Déclaration de politique communautaire (DPC). Il est vrai qu’il importe de donner à chacun la possibilité de réfléchir, d’inventer, de créer et de s’exprimer à travers les arts.
Au Musée de la photographie à Charleroi, une exposition particulière a été installée il y a quelques mois. Depuis plusieurs années, le musée accompagne un public déficient visuel dans la découverte de l’art de la photographie. Ainsi, Françoise, Adeline, Isabelle et Laurence, toutes quatre atteintes de cécité, ont présenté leurs clichés dans cette exposition baptisée «Blind Photo». Outre le fait de mettre en avant des artistes malvoyantes, l’exposition visait à inclure le plus grand nombre en permettant aux visiteurs atteints d’une déficience sensorielle de profiter de ce moment culturel. Des bas-reliefs permettaient de palper les profondeurs des clichés, une boîte à odeur offrait une expérience olfactive et un code QR permettait d’accéder à une audio-description.
Si ce type d’initiative multi-sensorielle n’est pas inédit et est de moins en moins rare, l’exposition d’artistes atteintes de cécité va encore plus loin. Cette démarche correspond parfaitement à l’engagement du gouvernement de renforcer l’accessibilité de la culture pour les personnes déficientes sensorielles.
Madame la Ministre, ces expositions qui offrent une expérience multi-sensorielle constituent-elles un moyen efficace d’inclusion, notamment pour les personnes déficientes sensorielles? Outre l’accès des déficients sensoriels à la culture, convient-il de promouvoir leurs œuvres d’art et de les inciter ainsi à s’exprimer davantage? Comment le gouvernement œuvre-t-il à ce que les déficients sensoriels deviennent également des acteurs de la culture? Quelles initiatives concrètes sont-elles prises en ce sens? En envisagez-vous de nouvelles?
Réponse de Madame la Ministre LINARD Bénédicte
Madame la Députée,
Je vous remercie de mettre en avant l’exposition en cours au Musée de la photographie. Ce type de projet n’est heureusement pas le seul. Je me réjouis que de nombreux opérateurs culturels participent activement à l’inclusion, dans leurs programmations culturelles, des personnes avec des déficiences sensorielles. Les justificatifs des subventions des musées, comprenant notamment les rapports d’activités, permettent de constater que les musées œuvrent de plus en plus à l’accessibilité des personnes à mobilité réduite ou à déficience sensorielle.
Certains musées ont intégré des dispositifs de visites, d’autres proposent des visites ou des ateliers destinés spécifiquement à ces situations. On peut par exemple citer, en plus de celui que vous évoquiez: le Musée international du carnaval et du masque de Binche, qui a intégré une valise pédagogique spéciale; Keramis, le centre de la céramique, qui a prévu une adaptation de son espace pédagogique, comprenant notamment une manipulation d’objets en céramique et d’outils; l’Aquarium-Museum universitaire de Liège, actuellement en rénovation, qui a notamment prévu d’intégrer un parcours sensoriel ainsi que des polices de caractères à haute visibilité dans son nouveau parcours.
D’autres musées travaillent ou ont prévu de travailler avec l’association Les amis des aveugles. Certains animateurs ont suivi une formation de sensibilisation aux visites destinées spécifiquement à ce type de handicap, comme l’Écomusée du Viroin, Keramis ou encore TAMAT, le musée de la tapisserie et des arts textiles. Certaines de ces formations destinées aux médiateurs culturels ont par ailleurs été coorganisées par le Musée royal de Mariemont, musée de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
À la suite de l’entrée en vigueur du décret du 25 avril 2019 relatif au secteur muséal en Communauté française, les musées qui introduisent une demande de reconnaissance ou de renouvellement de reconnaissance doivent répondre à des questions spécifiques à leur accessibilité. Lors de l’examen des demandes, la Commission des patrimoines culturels reste donc attentive à ces données.