Question orale de Madame Sobry à Madame LINARD Bénédicte, Ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des Femmes sur “Les stéréotypes sexistes dans les publicités diffusées à la radio”
Madame la Ministre,
Il y a quelques mois, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié deux baromètres à propos de la diversité à la radio: l’un portant sur les programmes et l’autre sur les publicités. Parmi ces dernières, le constat est assez frappant. En effet, le baromètre révèle qu’en 2019, une publicité sur huit contenait des «stéréotypes flagrants», renvoyant l’image de femmes hystériques ou superficielles et celle d’hommes séducteurs, bricoleurs ou exubérants. De façon plus globale, le baromètre souligne que, toujours en 2019, les publicités diffusées en radio tendaient à assigner des rôles préétablis aux hommes et aux femmes en fonction des attentes qui seraient liées à leur genre.
Madame la Ministre, en tant que ministre chargée des médias et des droits des femmes, comment pouvez-vous agir auprès des annonceurs pour réduire l’utilisation de stéréotypes sexistes dans les publicités?
Comment informer et éduquer les annonceurs à ce sujet? Existe-t-il un contrôle du contenu des publicités en radio, afin d’éviter la présence de stéréotypes liés au genre?
Dans la négative, est-ce envisageable? Comment encourager les annonceurs à créer des publicités qui pourraient défier, voire transgresser, les représentations stéréotypées?
Enfin, plus globalement, comment déconstruire les stéréotypes de genre encore présents dans nos médias?
Réponse de Madame la Ministre LINARD Bénédicte
Madame la Députée,
La lutte contre le sexisme dans la publicité est au cœur de la conférence interministérielle Droits des femmes que je préside. Nous souhaitons mener un travail qui dépasse bien évidemment la seule radio. En effet, la publicité contribue à façonner nos représentations du monde. Le travail du CSA, visant à recenser le nombre de publicités contenant des stéréotypes flagrants, est salutaire, car il permet d’avoir une idée de l’ampleur du problème. Une fois le point d’attention identifié, il faut pouvoir y travailler.
Le décret du 4 février 2021 relatif aux services de médias audiovisuels et aux services de partage de vidéos (nouveau décret «SMA») proscrit l’édition ou la diffusion de toute communication commerciale qui porterait atteinte à l’égalité entre les hommes et les femmes ou qui comporterait des discriminations à l’égard des femmes et des minorités.
C’est déjà inscrit dans le texte que nous avons adopté. J’ai ensuite saisi le collège d’avis du CSA pour qu’il élabore un code de bonne conduite relatif aux publicités sexistes et hypersexualisées. Les travaux à ce sujet sont en cours. Il faut une prise de conscience du secteur. Les publicités de ce genre sont obsolètes, même sous couvert de l’humour. Dès lors, cela implique une composante «éducation», notamment en matière d’éducation aux médias, pour prendre conscience de l’incidence de la diffusion de ces stéréotypes.
Le décret du 5 juin 2008 portant création du Conseil supérieur de l’Éducation aux Médias et assurant le développement d’initiatives et de moyens particuliers en la matière en Communauté française prévoit que le Conseil supérieur de l’éducation aux médias accorde une attention particulière à la lutte contre les stéréotypes véhiculés par les médias et contre toute forme de discrimination dans et par les médias. Le travail est bien entamé, car des textes existent déjà. Par conséquent, nous poursuivons sur cette lancée. C’est un sujet qui nécessite effectivement toute notre attention.