Question écrite de Madame Rachel Sobry à Madame TELLIER Céline, Ministre de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal ” La mise en place de radeaux végétalisés dans certains canaux “
Madame la Ministre,
L’homologue bruxellois de Madame la Ministre a fait installer, il y a peu, un radeau végétalisé aux abords de la capitainerie du port de Bruxelles. Il s’agit du premier élément d’une série de sept radeaux qui seront installés dans le canal de Bruxelles en tant que projet pilote. Ceux-ci, qui cumuleront une surface de 224 mètres carrés, sont recouverts de nombreuses plantes et visent à recréer des zones refuges pour la faune.
Si le coût d’une telle opération – 170 000 euros – est important, ces structures qui serviront de zones de relais lors de la migration de certaines espèces semblent intéressantes. Elles permettront de rendre l’environnement urbain plus viable et agréable pour la faune qui est de passage, voire de ramener une partie de la faune qui fuit jusqu’alors la ville.
Ce projet, particulièrement pertinent à Bruxelles, devrait pouvoir trouver à s’appliquer dans certains canaux ou plans d’eau situés dans des zones urbaines wallonnes.
Quelle est la position de Madame la Ministre quant à ces radeaux végétalisés ?
De telles structures pourraient-elles êtes installées dans certaines villes wallonnes ?
Des zones en Wallonie ont-elles déjà été définies pour ce type de projet ? Lesquelles ?
Réponse de la Ministre TELLIER
Je me réjouis du projet mis en place par mon collègue bruxellois, qui montre que de nombreuses initiatives peuvent être mises en place afin de favoriser le retour de la nature dans un environnement artificialisé.
La Wallonie travaille depuis plusieurs années sur le sujet, puisque les premières initiatives de mise en place de radeaux végétalisés en Wallonie datent de 2009. Soutenue par la Wallonie, la Maison wallonne de la pêche ASBL a installé quatre radeaux végétalisés sur les lacs de la Plate Taille et de l’Eau d’Heure afin de recréer des zones d’habitats et d’abris pour les poissons ainsi que des refuges pour une multitude d’autres espèces. Les racines de plantes présentes sur ces structures offrent aussi des supports de pontes pour diverses espèces de poissons.
De 2011 à 2014, cette même association a installé près de 800 m2 de radeaux végétalisés sur les noues et darses de Meuse dans le cadre d’un projet financé par le Fonds européen pour la pêche (FEP) et la Wallonie.
Les plantes indigènes utilisées sur les structures ont été fournies par la pépinière du Département de la Nature et des Forêts de Marche-les-Dames.
Au fil des années, les initiatives se sont multipliées et des radeaux végétalisés ont été installés par plusieurs organisations (association de pêcheurs, contrats de rivière, PCDN…) dans les cours d’eau et canaux de Wallonie voire sur des étangs privés.
Actuellement, de nombreux radeaux végétalisés ont été installés sur les eaux libres en Wallonie sur une superficie totale de plus de 700 m2. Ils sont situés dans plusieurs noues de la Haute Meuse, dans la darse de Corphalie en Basse Meuse, en Sambre, dans le lac de Robertville, dans le lac des Doyards à Vielsalm et dans le lac de la Vierre à Suxy. À cette superficie s’ajoutent également des radeaux installés dans des eaux fermées privées (étangs, carrières, etc.) qui ne sont pas comptabilisés par mes services.
Les suivis scientifiques réalisés ont permis de démontrer l’intérêt de ces radeaux. Les résultats sont éloquents : plusieurs millions d’œufs de poissons pondus sur les racines des plantes, colonisation de la végétation des radeaux par l’avifaune, par des batraciens …
Malgré toute l’attention accordée à ces équipements, toutes les installations n’ont pu être maintenues. À titre d’exemple, la colonisation de la Meuse par des mollusques invasifs (Corbicula sp., Dreissena sp.) n’a pas épargné ces structures flottantes qui ont été alourdies par le poids des mollusques. Certaines d’entre elles menaçaient de sombrer et ont dû être retirées.
En complément de ces installations de radeaux, des paniers et risbermes végétalisés ont aussi été mis en place. Contrairement aux radeaux qui sont flottants, ces structures fixes sont ancrées dans des berges artificielles. Elles accueillent également des plantes des milieux humides afin de recréer des milieux de vie le long des berges. Près de 700 mètres de linéaire de paniers ont été installés dans les voies hydrauliques et leurs annexes (Meuse, Sambre, Dendre, canal Ath Blaton) dont plus de 300 mètres ont été placées dans la dérivation de la Meuse à l’initiative et avec le soutien de la ville de Liège.