Question écrite de Madame Sobry à Madame DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l’Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière sur ” L’utilisation de l’écriture inclusive au sein du Service public de Wallonie (SPW) ”
Madame la Ministre,
Récemment, un « petit guide pour une écriture respectueuse du genre » a été distribué aux fonctionnaires de l’administration fédérale. Derrière ce nom se cache une brochure qui invite l’ensemble de l’administration à assimiler certains principes « plus inclusifs ».
Ainsi, les fonctionnaires sont, notamment, invités à féminiser les noms de fonctions comme docteure, cheffe ou autrice. Si cela est à saluer, certaines autres propositions sont plus clivantes. Je pense évidemment à l’utilisation des points médians qui est prônée avec, pour exemple, l’expression étudiant.e.s.
L’usage du point médian altère pourtant grandement la lisibilité du français et le rend pratiquement imprononçable à l’oral. Tout citoyen étant susceptible d’avoir des échanges avec les services publics, il est primordial que ceux-ci communiquent dans un langage clair et en phase avec les actuelles règles grammaticales et orthographiques. Le point médian représente un danger, notamment pour les étrangers qui apprennent le français, mais également pour les dyslexiques ou, d’une manière générale, toute personne moins à l’aise avec notre langue.
La Déclaration de politique régionale affirme que le Gouvernement veillera à renforcer et faciliter l’accès des citoyens aux services publics.
Que fait Madame la Ministre pour rendre les Services publics wallons plus inclusifs ?
Prône-t-elle l’utilisation de l’écriture inclusive, et notamment l’utilisation de points médians, au sein du SPW ?
Réponse de Madame la Ministre DE BUE Bénédicte
Madame la Députée,
Cette question fait l’objet d’une préoccupation récurrente au sein du Service public Wallonie (SPW), qui s’inscrit plus largement dans une politique de valorisation de la diversité.
En la matière, il a été décidé que l’écriture inclusive ne devait pas faire l’objet, au sein du SPW, d’une utilisation systématique.
En effet, comme le souligne le guide « Inclure sans exclure », édité en 2020 par la Fédération Wallonie Bruxelles, si l’utilisation de l’écriture inclusive se justifie par les objectifs poursuivis, visant notamment à donner davantage de visibilité aux femmes dans les textes, elle peut néanmoins présenter certaines difficultés.
Parmi celles-ci, on retrouve l’altération de la lisibilité des textes.
Pour éviter cette altération, le SPW ne recommande pas l’utilisation du point médian ou autre doublet avec réductions graphiques qui nuisent à la lecture, comme étudiant·e·s, député(e)s, citoyen-ne-s, agriculteurs(trices) …
En revanche, soucieux de répondre à la préoccupation de donner davantage de visibilité aux femmes, les services ont recours à d’autres moyens d’inclusion rédactionnelle.
En termes d’exemples, citons la féminisation des noms de métier, comme agente administrative, auteure, ingénieure …ainsi que le dédoublement des formes au masculin et au féminin pour désigner des ensembles mixtes, tels que la formule « les étudiants et les étudiantes » (plutôt que « les étudiants »).
Nous pouvons également mentionner l’utilisation de formules non sexistes, comme « le panier du ménage » (plutôt que « le panier de la ménagère ») ou « les droits humains » (plutôt que « les droits de l’Homme ») ainsi que l’emploi de formulations neutres, notamment pour les termes collectifs, comme « le personnel » (plutôt que « les employés » ou « les agents ») ou encore l’usage de mots épicènes comme « collègues », « responsables », « spécialistes » …
En conclusion, le SPW prône une utilisation de tout moyen linguistique permettant de tenir compte de la diversité de ses usagers, sans toutefois nuire à la lisibilité et à la compréhension des textes.
Pour l’avenir, il peut être précisé qu’en cohérence avec le décret du 14 octobre 2021 de la Communauté française relatif au renforcement de la féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre et aux bonnes pratiques non discriminatoires quant au genre dans le cadre des communications officielles ou formelles et en s’inspirant du guide précité « Inclure sans exclure », le réseau des communicants du SPW va être chargé de travailler sur un plan de communication visant à diffuser, au sein de l’administration, les recommandations à suivre en la matière.