Question écrite de Madame Sobry à Madame Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes, sur “Les erreurs médicamenteuses dans les maisons de repos (MR) et maisons de repos et de soins (MRS)”
Madame la Ministre,
Le 17 septembre dernier avait lieu la Journée mondiale pour la sécurité du patient. À cette occasion, l’Organisation mondiale de la santé a voulu sensibiliser quant aux erreurs médicamenteuses qui étaient commises au sein des hôpitaux. Ainsi, environ la moitié des dommages qualifiés d’évitables dans les soins médicaux proviennent d’erreurs de médicaments.
Les erreurs peuvent avoir lieu à différents moments : lors de la prescription, lors de la délivrance ou encore au moment de l’administration du médicament. Celles-ci n’entraînent heureusement pas toujours des conséquences graves. Évidemment, c’est sur les patients les plus fragiles que le risque de complications, voire de décès, est le plus important.
Les maisons de repos et maisons de repos et de soins, bien que non expressément visées par la communication de l’OMS, peuvent également être le théâtre d’erreurs médicamenteuses aux conséquences plus ou moins graves. En effet, des centaines de médicaments différents y sont distribués et consommés chaque jour par des aînés qui sont, bien souvent, déjà affaiblis.
Alors que la Déclaration de politique régionale énonce que le Gouvernement encouragera les maisons de repos et maisons de repos et de soins à un usage rationnel des médicaments, quelles mesures Madame la Ministre prend-elle pour veiller à un usage rationnel des médicaments dans les MR et MRS ?
A-t-elle eu écho d’erreurs médicamenteuses dans les MR et MRS wallonnes ? Sont-elles fréquentes ?
Des mesures spécifiques pour les éviter sont-elles prises ? Le cas échéant, lesquelles ?
Réponse de Madame la Ministre MORREALE Christie
Madame la Députée,
Il est, en effet, essentiel que les résidents reçoivent les médicaments correspondant à leurs besoins cliniques, avec une posologie adaptée à leur état de santé, sur une période appropriée et à un coût minimal pour eux ou leur communauté.
Ces critères stipulés par l’OMS définissent l’usage rationnel des médicaments auquel sensibilise le médecin coordinateur et conseiller au sein des maisons de repos dans une de ses nouvelles missions qui lui sont attribuées par l’arrêté du Gouvernement wallon du 21 octobre 2021.
Des projets pilotes de révision médicamenteuse ont également été lancés dans des établissements, tel le Projet d’Accompagnement concerté transversal dans le cadre du projet Chronic Care « soins intégrés en faveur des malades chroniques » lancé par la Ministre fédérale de la Santé en 2016 et étendu fin 2021 aux 12 communes de la Communauté urbaine du Centre.
Comme énoncé dans la réponse à la question parlementaire de Madame La Députée Jacqueline Galant concernant la sécurité dans les maisons de repos wallonnes, il n’existe à ce jour pas de statistiques belges et/ou wallonnes reprenant les erreurs de médication en ces lieux.
Cependant en 2021, une étudiante de l’ULB en Master en Sciences de Santé publique à finalité Gestion des établissements et services de soins, Option Gestion des institutions : Hôpitaux, MRS, MRPA a défendu un mémoire intitulé : « L’incidence du circuit du médicament sur les erreurs médicamenteuses dans les maisons de repos wallonnes ».
Un des objectifs de ce mémoire fut d’observer l’incidence favorable de la mise en place de la Préparation de médication individuelle (PMI) sur le taux d’erreurs médicamenteuses. L’instauration puis l’automatisation de cette technique ont joué un rôle important dans la diminution de cette problématique en maison de repos.
Comme l’honorable membre le soulève justement, des mesures spécifiques doivent être déployées pour éviter les erreurs médicamenteuses au même titre que le recommande l’OMS au sein des hôpitaux.
C’est l’administration du médicament qui représente l’étape la plus propice à la faute.
Sa sécurisation repose sur la règle des 5 B (« administrer au Bon patient, le Bon médicament, à la Bonne dose, sur la Bonne voie, au Bon moment »).
Cette dernière relève d’une démarche pluridisciplinaire qui doit fédérer l’ensemble des professionnels intervenant et être soutenue par la direction de l’établissement. Une évaluation du processus existant suivie d’une analyse collective des points forts et faibles entraînent un plan d’action d’amélioration continue.
De nombreux colloques et/ou formations à destination du personnel soignant des MR/MRS sont organisés afin d’améliorer les connaissances du circuit du médicament et portent notamment sur la nouvelle loi qualité, les projets VIDIS de l’INAMI « comment partager les données sur les médicaments de manière électronique et sécurisée », le Plan d’Accompagnement concerté transversal, la Révision de la médication en MRS, des cas pratiques dans la gestion des médicaments, la prescription électronique Recip-e et son utilisation en maison de repos…
Par ailleurs, lors de leurs visites d’inspection, les inspecteurs de la Direction Audit et Inspection de l’AViQ sont très attentifs au déroulé de ce circuit. Ils sensibilisent et accompagnent les institutions dans la mise en place de procédures validées. Un audit spécifique « circuit du médicament » peut être réalisé par un inspecteur pharmacien de l’AViQ afin de vérifier les normes réglementaires, évaluer et accompagner l’amélioration continue de la qualité et la sécurité du circuit du médicament.
En plus de ces mesures, il est à noter que la PAQS ( Plateforme pour l’Amélioration continue de la Qualité des soins et de la Sécurité des patients) propose également des outils aux institutions tels les hôpitaux et MR/MRS en tant que plateforme de soutien.