Question écrite de Madame Sobry à BORSUS Willy, Ministre de l’Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences sur ” Les recherches en matière de géothermie en Wallonie “
Monsieur le Ministre,
La géothermie est un processus qui vise à capter l’énergie calorifique présente sous terre pour la convertir en chaleur à usage de chauffage. Elle peut-être soit profonde et destinée à extraire directement de la chaleur, soit de surface et fonctionnant avec un système de pompe à chaleur.
Selon l’explorateur et environnementaliste suisse Betrand Piccard, la clé résulte en la recherche et le développement de certaines start-up innovantes. Les soutenir serait nécessaire dans la mesure où il existerait de nombreux freins, notamment parce que les grandes entreprises promouvraient le statu quo.
Je me tourne dès lors vers Monsieur le Ministre pour faire le point sur les recherches et le développement de la géothermie en Wallonie.
Des entreprises wallonnes sont-elles occupées à effectuer des recherches en la matière ?
Le cas échéant, sont-elles soutenues par la Région wallonne, comment ?
Les études de faisabilité géothermique sont-elles fréquentes en Wallonie, notamment lors de chantiers importants ?
Comment sont-elles encadrées ?
Comment favoriser les recherches et études en la matière ?
Réponse de Monsieur la Ministre Borsus
La géothermie fait en effet l’objet de plusieurs projets de recherche en Wallonie, certains avec une composante davantage technologique relevant par conséquent de mes compétences (SPW Recherche), d’autres avec une composante « Energie » relevant des compétences du Ministre Henry (SPW Énergie).
En ce qui concerne les premiers, le constat est que les projets sont coordonnés par le milieu académique (recherche en amont/analyse du potentiel) et plus particulièrement, par l’Université de Mons et l’Université de Liège.
Ces projets de recherche portent sur plusieurs types de géothermie, à savoir la géothermie profonde et la géothermie moyennement profonde.
Des forages géothermiques existent en Campine et dans la région de Mons, où ils sont utilisés pour chauffer des bâtiments publics, notamment (ex. forage géothermique de Saint-Ghislain). Dans la région de Mons, une couche de calcaire, naturellement perméable, se trouve entre 2 et 3 km de profondeur. L’eau pompée est d’environ 70°C. Les puits existants sont toutefois très anciens. Certains n’ont initialement pas été forés dans un but de géothermie et le design et l’équipement des puits ne sont pas optimaux. L’UMons (Geology and Applied Geology) a participé à plusieurs projets de recherche (ex. Moregeo, Designate) ces dernières années concernant la géothermie profonde dans la région. Ces projets lui ont permis d’améliorer ses connaissances concernant ce réservoir géothermique et de développer un modèle d’écoulement et de transfert de chaleur, offrant un potentiel important pour le chauffage urbain. Plusieurs projets de forage ont vu le jour par le passé, sans toutefois aboutir. Les besoins actuels sont liés à des projets de forages concrets. Cela permettrait sans doute de lancer un développement plus intensif de la géothermie profonde en Wallonie.
Récemment, une campagne de prospection géophysique a également été menée dans le Condroz (projet du Service Géologique de Belgique, auquel l’UMons a également collaboré), afin de caractériser un réservoir géothermique profond potentiellement exploitable dans cette région.
La géothermie basse température est généralement plus superficielle et sans doute plus répandue. Les températures sont plus faibles et ces systèmes géothermiques sont accompagnés de pompes à chaleur. Ces systèmes sont dits « fermés » (ex. pieux géothermiques ou sondes géothermiques) ou « ouverts » (ex. ATES – Aquifer Thermal Energy Storage). Ces derniers systèmes se développent de plus en plus en Belgique afin de produire du chaud ou du froid. Ils peuvent être utilisés pour alimenter des bâtiments plus petits ou des réseaux de chaleur. Il y en a déjà beaucoup aux Pays-Bas, qui ont pris un peu d’avance dans ce domaine. L’ULiège a participé à plusieurs projets de recherche.
La géothermie peut également être utilisée pour produire de l’énergie et la stocker. L’idée est par exemple de produire de la chaleur en hiver tout en stockant du froid. En été, le « froid » stocké peut être récupéré, à des fins de climatisation, et la chaleur peut à son tour être stockée. Le cycle se répète de manière saisonnière. Des projets de recherche, passés ou en cours et auxquels l’UMONS et l’ULiège ont participé, concernent ce type de stockage dans les anciennes mines de charbon en Wallonie. Ces mines offrent l’avantage de grands volumes disponibles en souterrain et sont généralement situées dans des zones à densité de population élevée. Ce type de système de stockage est prometteur, mais plus rare. Il existe un tel système à Heerlen aux Pays-Bas. Il n’y en a pas encore en Wallonie et il y a donc des besoins de recherche en la matière.
Récemment, l’UMons a obtenu un financement du plan de relance pour installer un site expérimental et étudier les possibilités d’installation de ces systèmes dans les anciennes mines wallonnes. Des projets seront également prochainement soumis au FTJ (Fonds pour une Transition Juste) et dans le cadre du programme WIN4EXCELLENCE.
Des besoins en recherche sont en outre nécessaires pour des projets d’intégration de la géothermie au sens large du terme dans des systèmes énergétiques complexes et dans les réseaux de chaleur à niveau de température variable pour couvrir une large gamme de besoins énergétiques. Pour l’alimentation de réseaux de chaleur urbains, la géothermie peut constituer un élément, éventuellement complété par d’autres sources d’énergie.
À côté de ces études visant à définir le potentiel pour les différents types de géothermie (profonde, minière, peu profonde), il y a eu ou il y a des études sur l’optimisation des systèmes ou des sites pilotes.
J’invite l’honorable membre à explorer les projets financés par le SPW Énergie, dont un porte sur la détermination du potentiel de la géothermie peu profonde (moins de 500m) pour la production de chaleur et de froid en Wallonie (2022) et qui vise à établir une cartographie du potentiel géothermique peu profond à l’échelle de la Région wallonne pour les systèmes fermés assistés de pompes à chaleur et les systèmes ouverts sur nappe aquifère assistés par des pompes à chaleur.
Quant à la participation des entreprises et des startups, elle est en à encourager, qu’il s’agisse du lancement de partenariats privé-public visant à étudier de nouvelles pistes d’exploration ou de projets permettant de valoriser les résultats de la recherche menée par les milieux académiques. Mes services seront toujours prêts à analyser la faisabilité de ces projets au regard des budgets d’aides à la recherche disponibles.