Question de Rachel Sobry à Bénédicte Linard, Vice-Présidente du gouvernement et Ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes, intitulée «Accompagnement des enfants dont un proche souffre de troubles psychiques»
Rachel Sobry (MR) Beaucoup d’enfants et de jeunes vivent avec un proche, souvent un parent, qui souffre de troubles psychiques. Ainsi, des enfants passent des années à voir un de leurs parents souffrir, à l’accompagner dans des centres spécialisés, à croiser de nombreux médecins, à aller chercher des médicaments lorsque le proche n’est pas en état de le faire, etc
Le Dr Frédérique Van Leuven, psychiatre au Centre psychiatrique Saint-Bernard à Manage, a mené une recherche ethnographique sur ces enfants qui grandissent avec un parent souffrant de maladie mentale. Celle-ci a permis d’identifier une détresse invisible et méconnue, même des professionnels. Quand ces enfants, perturbés ou ignorants, ont besoin d’aide, de réponses, ils sont trop souvent dirigés vers des services de soins similaires à ceux fréquentés par leur parent. C’est évidemment peu adapté, cela les isole et les stigmatise.
Cet isolement, ressenti par ces enfants, se serait encore renforcé avec la période si particulière que nous venons de vivre. Face à ce constat, quatre associations issues de quatre pays différents, à savoir la Belgique, la France, la Suisse et le Luxembourg, ont uni leurs expertises pour créer une plateforme de prévention intitulée JEFpsy. Cette dernière offre un grand nombre d’informations à l’attention des enfants, dans un langage clair et pensé pour les jeunes. Elle permet également d’échanger avec d’autres enfants dans des situations similaires, mais aussi de prendre contact avec des professionnels habitués à ces situations. En Belgique, c’est l’ASBL carolo Étincelle qui assure le relais et s’occupe de ce service anonyme et gratuit.
Alors que la Déclaration de politique communautaire énonce que le gouvernement souhaite augmenter les services d’accompagnement des familles et des enfants, j’aimerais savoir, Madame la Ministre, si la Fédération Wallonie-Bruxelles manque de services d’accompagnement pour les enfants dont un proche souffre de troubles psychiques? Le cas échéant, qu’est-il fait pour y remédier et aider ces enfants?
Sans un dispositif ou service adapté, ces enfants ne risquent-ils pas de développer eux-mêmes des troubles psychiques? Quelle est votre position par rapport au service mis en place grâce à la plateforme JEFpsy et au travail de l’ASBL Étincelle?
La Fédération Wallonie-Bruxelles pourrait-elle, d’une manière ou d’une autre, soutenir cette démarche et éventuellement s’y associer?
Mme Bénédicte Linard, Vice-Présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes. – Madame la Députée, s’il peut arriver qu’un service de promotion de la santé à l’école découvre une situation telle que vous la décrivez, au moment, par exemple, de la discussion en bilan de santé, et que ce service prenne les initiatives adéquates pour que l’enfant ne reste pas seul face à cette situation, l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE) n’est pas compétent dans la prise en charge des troubles psychiques.
Les professionnels de l’ONE qui découvriraient de telles situations pourront diriger ces enfants et leurs parents vers des associations spécialisées, comme celles s’occupant des aidants proches ou comme l’association Similes, ou encore vers les réseaux de soins en santé mentale ou des plateformes de concertation en santé mentale dépendant des autorités régionales.
Je vous invite dès lors à adresser cette question à ma collègue Christie Morreale, ministre de la Santé et de l’Action sociale en Région wallonne. À Bruxelles, ce sont mes collègues, Elke Van den Brandt et Alain Maron, tous deux membres du Collège réuni de la Commission communautaire commune, qui détiennent les compétences de la Santé et de l’Action sociale.