Rachel Sobry à Valérie De Bue, Ministre de la Fonction publique, de l’Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière: “La consommation de drogue au volant”
Rachel Sobry (MR) – Le Gouvernement wallon a pour objectif de faire baisser le nombre de décès annuels sur les routes wallonnes à moins de 100 d’ici 2030. Pour ce faire, Madame la Ministre a, en février dernier, dévoilé « dix mesures prioritaires pour la sécurité en Wallonie ».
L’une de ces mesures porte directement sur la prévention face à la consommation d’alcool au volant notamment via la promotion du « zéro préventif ». Ce dispositif a pour but de pousser le citoyen à ne pas boire avant de prendre le volant, mais également d’équiper des lieux stratégiques d’éthylotest publics.
Néanmoins, parmi les autres mesures, aucune ne semble viser spécifiquement la consommation de drogue au volant.
Or, selon une récente enquête de l’institut Vias, un conducteur sur cinq affirme avoir déjà consommé de la drogue avant de prendre le volant et, parmi ceux-ci, un sur quatre a déjà consommé de la drogue combinée avec de l’alcool avant de conduire.
Il a pourtant été montré que la combinaison alcool/drogue était particulièrement dangereuse et qu’elle pouvait augmenter de 20 à 200 fois le risque d’accidents graves. Les conducteurs sous l’influence de la drogue sont également plus nombreux à minimiser les risques liés à leur consommation.
Comment le Gouvernement entend-il combattre ce fléau ?
Le phénomène est-il aussi préoccupant que ce que Vias laisse entendre ?
Quels moyens sont mis en place pour lutter contre la conduite après consommation de drogue ?
Comment sensibiliser davantage les citoyens aux dangers que cela représente ?
Valérie De Bue, Ministre de la Fonction publique, de l’Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière – L’enquête de Vias dont il est fait référence dans la question n’est pas toute récente. Celle-ci porte sur les comportements avoués des Belges et remonte à 2018.
De cette enquête, il ressort que :
– 6 % des conducteurs avouent avoir roulé drogués au cours du mois écoulé. Ce taux est porté de 15 % pour les 18-24 ans ;
– le taux global représente 15 % à Bruxelles contre 6 % sur l’ensemble de la Wallonie. Ces chiffres démontrent que le phénomène des grandes villes joue ;
– 24 % de ceux qui disent avoir pris le volant sous l’influence de drogue avaient consommé du cannabis. La proportion est probablement plus importante, car certaines personnes ne considèrent pas le cannabis comme une substance illégale.
Cette enquête démontre également qu’un conducteur sur quatre qui a consommé de la drogue l’a combinée avec de l’alcool, un cocktail particulièrement dangereux sur le plan de la sécurité routière.
De son côté, l’AWSR a réalisé une enquête en 2017 intitulée « Ce que pensent les Wallons de la conduite sous influence de drogues. Enquête d’opinion auprès des conducteurs de voiture – 2017 ».
De cette enquête, il ressort que :
– 5,5 % des conducteurs wallons ont déclaré avoir déjà conduit au moins une fois au cours des 12 derniers mois en étant sous influence de drogues ;
– 4 % des conducteurs interrogés ont signalé avoir conduit au moins une fois sur les 12 derniers mois en ayant combiné de l’alcool et des drogues. Ainsi, près de 3 conducteurs sous influence de drogues sur 4 adoptent ce comportement excessivement risqué, ce qui est un résultat très préoccupant ;
– le cannabis est de loin la drogue la plus souvent consommée. 90 % des conducteurs ayant déclaré avoir conduit sous influence de drogues avaient consommé du cannabis.
Tant les chiffres issus de l’enquête Vias portant sur le comportement des belges que ceux de l’enquête AWSR visant plus spécifiquement les conducteurs wallons démontrent qu’il est important de combattre ce phénomène.
La mise à jour de ces chiffres est actuellement en cours au sein de l’AWSR. Il sera intéressant de les comparer à ces éléments remontant malheureusement à quelques années.
Si toutes les substances présentent un danger dans la mesure où leur consommation modifie le comportement du conducteur, le site de l’AWSR tousconcernes.be détaille le niveau de risque en fonction du type de drogue : cannabis, cocaïne, amphétamines, ecstasy, héroïne, opiacés, hallucinogènes, et cetera.
Outre le type de substance, l’effet des drogues sur l’aptitude à la conduite est déterminé par différents autres facteurs, parmi lesquels la dose, l’expérience du consommateur avec la substance et la combinaison avec d’autres produits psychoactifs.
Il est primordial de conscientiser les (futurs) conducteurs sur ces éléments afin de lutter contre la conduite sous influence de drogue.
Plusieurs actions spécifiques sont évidemment mises en place en ce sens.
La thématique « drogue » ainsi que celle des médicaments fait notamment l’objet de communications sur les réseaux sociaux par l’AWSR. En effet, au-delà de la drogue, certains médicaments altèrent nos capacités de conduite.
Des communications ciblées selon l’âge et le sexe sont encore prévues à travers les réseaux sociaux courant 2021.
L’émission Contacts se concentre également sur cette problématique. L’émission du 21 février dernier était d’ailleurs consacrée aux dangers de la drogue et des médicaments.
En novembre dernier, c’était l’émission consacrée à la journée mondiale des victimes de la route qui a sensibilisé les téléspectateurs à la violence routière et donc notamment à la conduite sous influence.
Ces émissions sont notamment relayées sur le site de l’AWSR ainsi que sur sa page Facebook afin de toucher le plus grand nombre de personnes.
Projet plus novateur, la conduite sous influence, en ce compris la drogue, sera largement abordée dans la nouvelle formule, prochainement utilisable, du rendez-vous pédagogique qui s’adresse aux jeunes futurs conducteurs et à leurs guides.
Cela part du constat que conduire sous l’influence de médicaments ou de drogues est très dangereux, mais bien trop souvent banalisé. Les conducteurs ne sont pas toujours suffisamment conscients que la drogue modifie leur comportement.
Il est important de les conscientiser sur ces effets secondaires et des conséquences pouvant être fatales tant par le conducteur consommateur que pour les éventuels passagers ainsi que tous les autres usagers qui vont croiser sa route.
D’autres projets sont également en cours d’élaboration.
Ainsi une formation « Killers » reprenant les trois thématiques tueuses (vitesse – Conduite sous influence et distraction) en une seule formation de sensibilisation sera prochainement proposée.
Une formation spécifique « conduite sous influence » sera consacrée à l’approfondissement de cette matière. Cette formation veut aborder la thématique de manière plus large, comme un problème sociétal et de santé publique en tant que tel, et propose l’analyse de son impact sur la conduite de manière plus spécifique.
Enfin, pour les seniors, à côté de l’alcool, c’est surtout la partie médicaments qui est développée dans la formation.
Au-delà de ces actions, les contrôles policiers sont nécessaires pour diminuer les risques. L’objectif étant toujours de sensibiliser et informer des dangers de la drogue au volant.
Le groupe de travail « Conduite sous influence », présidé par l’AWSR, ayant émis quelques recommandations dans le cadre des États généraux de la Sécurité routière 2020, l’a souligné : il est nécessaire d’augmenter, chez le conducteur, le risque objectif et subjectif d’être contrôlé et sanctionné en matière de conduite sous l’influence de drogues illégales.
La promotion du recours à la sanction éducative comme alternative aux poursuites ou mesure probatoire représente également un élément intéressant dans la lutte contre la conduite sous influence de drogues, médicaments ou alcool.
Ces recommandations ne s’inscrivent toutefois pas dans notre champ de compétences régionales, puisque la conduite sous influence reste une matière fédérale.
Néanmoins, la démarche s’inscrit dans l’optique de produire les impulsions politiques nécessaires à une plus grande effectivité des moyens mis en œuvre, notamment concernant le contrôle policier et la sanction pénale. C’est pourquoi une concertation avec les partenaires fédéraux est nécessaire en vue d’appréhender le phénomène.
Ainsi, au même titre que pour les autres infractions, c’est en combinant le renforcement du dispositif permettant de contrôler la conduite sous influence de drogue avec les sanctions et les actions de sensibilisation que les comportements évolueront et que des résultats en faveur de la sécurité routière seront obtenus.