Question d’actualité de Mme Sobry à Mme Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes, sur « La pénurie de développeurs et d’analystes informatiques ».
Mme Sobry (MR). – Madame la Ministre, l’informatique ne cesse de se développer et de façon exponentielle. La crise du covid a d’ailleurs poussé les entreprises à recourir massivement au télétravail, donc à l’utilisation avancée d’outils informatiques. Il en résulte ici à court terme une demande de plus en plus importante de personnel formé à l’informatique. Depuis plus longtemps déjà, le constat est le même : dans les trois Régions du pays, il y a une pénurie d’informaticiens. Le FOREm précise que ce sont particulièrement les métiers de développeurs et d’analystes pour lesquels l’offre d’emploi surpasse la demande. À l’inverse, les techniciens en informatique sont eux relativement moins recherchés, alors même que la majorité des demandeurs d’emploi dans le secteur IT ont justement ce profil de technicien informatique. Il semble donc qu’il y a un souci quantitatif, mais aussi qualitatif. Je ne préjuge évidemment pas ici de la qualité d’un diplôme, mais bien de sa nature. Par ailleurs, Agoria, la Fédération des entreprises de l’industrie technologique, estime que l’offre est passée d’environ 10 000 postes vacants à plus de 16 000 en seulement cinq ans et elle parle d’un véritable cauchemar pour trouver des profils IT. Les diplômés d’un master en sciences informatiques restent trop peu nombreux et trouvent relativement facilement un emploi. En revanche, ce n’est pas toujours le cas pour les personnes qui sont diplômées d’un bachelier en informatique de gestion. La conséquence sur le terrain, c’est qu’il y a un nombre important de demandeurs d’emploi qui ont une formation de base en informatique, d’une part, et, d’autre part, des employeurs qui ont des exigences plus spécifiques, plus particulières.
La DPR pose comme objectif d’investir dans la formation des métiers en demande. Par ailleurs, les enjeux numériques doivent être intégrés dans les offres de formation. On est ici face à un exemple concret où la formation doit jouer son rôle en offrant des possibilités pour ces informaticiens de se spécialiser dans les branches en pénurie. Mes questions sont donc les suivantes.
D’abord, comment analysez-vous l’offre actuelle de formation en la matière ? Ensuite, quelles sont les pistes concrètes afin de remédier à cette pénurie, en particulier celle dans le secteur IT ?
Mme Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes. – Madame la Députée, d’abord, je voudrais juste objectiver les chiffres qui sont repris dans l’article auquel vous faites référence, parce qu’il y a des chiffres qui intègrent à la fois l’intérim, avec parfois des redondances possibles puisque l’on sait que plusieurs agences d’intérim peuvent reproduire une même offre et, par ailleurs, des autres services publics de l’emploi, VDAB, Actiris, ou de la Communauté germanophone, qui ont des offres d’entreprises situées en Flandre ou à Bruxelles, mais le secteur IT, c’est vrai, est un des secteurs en demande de main-d’œuvre et un des secteurs finalement le moins impacté par la crise covid. Je pense que l’on peut s’en réjouir. La DPR prévoit d’améliorer encore la réponse aux besoins des entreprises et des compétences qui sont attendues sur le marché de l’emploi.
Je travaille avec mon collègue en charge du Numérique, M. Borsus, pour proposer une réforme structurelle à cette problématique. On a proposé au Gouvernement, je l’ai fait en avril et en mai, deux notes pour booster les compétences numériques des futurs travailleurs avec Upskills Wallonia et Star Digital. On travaille aussi, toujours avec mon collègue Borsus, sur un projet qui vise à rassembler les ressources et expertises des opérateurs de formation publics pour apporter une réponse concertée aux besoins de maind’œuvre, bien qu’ils sont insuffisamment rencontrés. Je pense que ce serait effectivement une plus-value par rapport à des secteurs porteurs d’avenir, comme le métier de l’informatique. Sur la formation actuelle, en fait, il y a cinq centres de compétence en Wallonie relatifs aux TIC qui proposent des formations. Elles sont disponibles, si vous voulez aller les voir sur numeria.be. Elles rassemblent toute l’offre de formation d’un numérique. Le FOREm, quant à lui, avec soit des partenariats, soit pour son compte, va proposer et propose déjà des formations en numérique ou de codeurs et de développeurs avec une approche pédagogique spécifique pour des publics qui sont assez éloignés du marché de l’emploi. Il y a aussi l’opération Coup de poing, qui changera sans doute de nom, parce que c’est un nom assez agressif. En tout cas, cette opération-là permet à des entreprises dans l’encodage, dans l’informatique, comme NRB notamment, d’engager des personnes qui se forment pour part dans des centres de formation et pour part dans les entreprises. Ce sont des formules qui fonctionnent assez bien. Je voulais vous dire également, pour en revenir à la question qui m’avait été posée tout à l’heure par rapport à la question du genre, qu’il y a un réel défi aussi dans ces métiers-là d’attirer des femmes parce que ce sont des métiers d’avenir et que, si l’on ne fait rien aujourd’hui, on va apporter un creuset terrible. Des dizaines de milliers d’emplois peuvent être créés dans secteur de l’IT dans les prochaines années. C’est un vrai défi en soi de pousser des femmes à devenir codeuses, développeuses ou informaticiennes.