Question d’actualité de Mme Sobry à Mme Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Egalité des chances et des Droits des femmes, sur « La peur des aide-ménagères d’aller travailler et de contracter le coronavirus »
Mme Sobry (MR). – Madame la Ministre, le Syndicat chrétien flamand a mené une enquête auprès de plus de 1 500 travailleurs des titres-services afin de connaître leurs préoccupations, particulièrement en cette période marquée par le coronavirus. Environ 70 % des travailleurs sondés confient avoir peur de contracter le virus. Cette peur s’explique en partie par la nature même de leur travail, mais aussi par la présence beaucoup plus récurrente des clients en leur domicile. Une grande partie des citoyens est en effet contrainte d’effectuer du télétravail et certains enfants et étudiants suivent des cours à distance depuis la maison.
En principe, les clients qui se trouvent dans la même pièce qu’un aide-ménager doivent porter le masque en raison de la promiscuité des lieux fermés. Hélas, le sondage que je viens de citer nous apprend que la majorité des clients présents à leur domicile ne le font pas. Certains seraient malades, atteints par le covid, et n’annuleraient pas pour autant le passage de leur aide- ménager. Ces aides-ménagers se retrouvent dans une situation quand c’est comme cela plus que délicate, parce que demander, voire exiger, aux clients de porter le masque dans sa propre maison s’avère délicat. Ils se retrouvent bien souvent démunis dans cette situation, dans la mesure où il y a eu relativement peu de communication à l’attention des citoyens, par rapport au port du masque dans ces conditions particulières dans leur propre habitation. Pourtant, il ne s’agit pas d’une problématique qui soit liée exclusivement au secteur des titres-services, mais à tout ce qui touche aussi aux livreurs de biens et aux fournisseurs de services à domicile.
Depuis le 1er janvier 2016, la région est compétente pour gérer sur son territoire le dispositif des titres- services, secteur qui représente plus de 140 000 travailleurs à travers tout le territoire belge. Parmi eux, je sais que vous y êtes sensible, 97 % sont des femmes, parfois seules et avec des enfants à charge. J’ai donc trois questions, Madame la Ministre.
Quelles ressources sont investies pour rassurer les travailleurs de ces nombreuses entreprises d’insertion ? Ces travailleurs qui se rendent au domicile de leurs clients ont-ils reçu des instructions et des directives quant à l’attitude à adopter en cas de non-port du masque par le client ?
Enfin, le port du masque chez soi, lorsqu’une personne extérieure doit venir dans le cadre de son travail, est-il suffisamment préconisé ?
Mme Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes. – Madame la Députée, le sort des travailleurs ou des travailleuses en général, et la qualité de vie ou le respect des règles, me semble constituer des éléments déterminants. Peut-être particulièrement à l’égard des aides- ménagères qui, on le sait, travaillent dans des conditions qui sont parfois des conditions difficiles, pour lesquelles le Gouvernement wallon s’est d’ailleurs très vite penché dans le cadre déjà de la première vague pour leur venir en aide et en débloquant des dizaines de millions d’euros pour faire en sorte que leur salaire soit garanti, dans les mesures que nous avions proposées, et qui a permis d’aider des dizaines de milliers de travailleuses en ce sens.
Aujourd’hui, on vient avec les questions qui sont liées à leur sécurité. Concrètement, le 4 novembre, la Région wallonne, avec le FOREm et le SPW, on a fait parvenir des instructions sanitaires pour les entreprises, mais aussi pour les utilisateurs. Des instructions qui ont été complétées aussi par des mesures le 23 novembre. Un document a été envoyé à chaque entreprise pour préciser les mesures qui doivent être scrupuleusement respectées et pour garantir la sécurité de tous les travailleurs.Concrètement, pour les travailleurs du secteur, il est précisé qu’ils doivent porter en permanence un équipement de protection pendant leur prestation. En tout cas, ils doivent se sentir en sécurité. Cela veut dire que s’il y a quelqu’un, il doit notamment porter un masque. Si les conditions de sécurité ne sont pas respectées, alors dans ces conditions-là, la travailleuse – disons-le, c’est principalement elles qui sont concernées – a le droit de quitter le travail et elle sera rémunérée. Ces conditions sont strictement écrites en tant que telles.
Il y a des instructions qui ont été communiquées aux entreprises pour rappeler qu’il fallait des équipements à leur fournir. L’importance de communiquer aussi les instructions à leur personnel et aux usagers qui bénéficient du service des aides-ménagères. On a demandé aussi qu’il y ait une formation correcte sur les mesures de sécurité qui soit organisée pour les travailleurs et l’importance de prendre régulièrement contact avec son personnel pour être bien au fait des réalités. Ce que je dois vous dire aussi, c’est que des contrôles sont menés par l’inspection pour s’assurer dans les faits que l’ensemble des consignes contraignantes ont bien été respectées. Cela me parait être une édiction. Édicter la norme, c’est bien, mais la faire vérifier, c’est aussi important pour faire en sorte que chacun soit face à ses responsabilités et qu’elles puissent travailler en toute sécurité.