Questions de Rachel Sobry à Willy Borsus, Ministre de l’Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences: “La reconnaissance du métier de maréchal-ferrant”
Rachel Sobry (MR) – Les maréchaux-ferrants exercent leur art depuis plus de 2.000 ans. Si les techniques ont bien évidemment évolué, certains gestes se perpétuent et continuent à être transmis de génération en génération. Les objectifs poursuivis par le maréchal sont restés les mêmes : le confort et le bien-être du cheval.
Pour apprendre à maitriser son art, le futur maréchal-ferrant peut soit s’inscrire à l’école de maréchalerie qui possède 3 implantations, dont 2 en Wallonie (Ghlin et Libramont) soit entamer une formation à l’IFAPME. Dans les deux cas, le cursus s’étale sur trois ans. Durant ce laps de temps, l’apprenti va suivre toute une série de cours tant théoriques (anatomie, pathologie…) que pratiques dont notamment tout le travail à la forge pour apprendre à réaliser le ferrage le mieux adapté à la spécificité et la morphologie du cheval. Car à chaque équidé correspond un fer que seul un professionnel avec une solide formation peut fabriquer pour qu’il soit parfaitement adapté.
Le savoir-faire de nos écoles est reconnu puisque des élèves venant du Portugal, de la France, de l’Italie, de l’Espagne voire même du Brésil s’y inscrivent chaque année. La Wallonie est une véritable terre de chevaux puisqu’on en compte environ 131.000 dans notre région, soit une monture par 27 habitants.
Ceci dit, Monsieur le Ministre, il apparait que le métier de maréchal-ferrant n’est pas reconnu et protégé au niveau wallon. Le diplôme de gestion est suffisant pour ouvrir un registre de commerce comme maréchal-ferrant. Ce qui est étonnant, quand on connait la quantité de connaissances et de savoir-faire à acquérir pour exercer correctement ce métier. Surtout vu les séquelles qu’un travail réalisé par un non-professionnel peut laisser sur les pieds d’un équidé.
Monsieur le Ministre a-t-il déjà été sensibilisé par ce secteur pour que le métier de maréchal-ferrant soit reconnu ?
Envisage-t-il d’entamer les procédures pour baliser l’exercice de cette profession ?
Willy Borsus, Ministre de l’Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences.
La protection des consommateurs, la reconnaissance de nos artisans qualifiés et le bien-être animal sont autant de thèmes auxquels je prête beaucoup d’attention.
Le Gouvernement wallon entend faire de la formation et du développement des compétences un pilier fondateur de son action. Il ambitionne d’offrir des formations débouchant sur des perspectives positives en termes d’emploi durable et de qualité. Comme le mentionne l’honorable membre dans sa question, nous avons la chance de disposer en Wallonie de deux filières reconnues et de qualité de formation au métier de maréchal-ferrant.
Il est vrai que le diplôme de gestion est suffisant pour ouvrir un registre de commerce et exercer l’activité de maréchal-ferrant.
Le cadre juridique européen actuel, notamment la directive 2005/36/CE relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles, entend encourager la liberté d’établissement et la libre prestation des services, l’emploi et la mise en œuvre d’une offre plus large et plus avantageuse pour les consommateurs. Sur cette base, il tend vers une dérégulation des conditions d’accès à la profession.
La Flandre a d’ailleurs franchi le pas en supprimant les conditions d’accès à bon nombre de professions pour lesquelles elle est compétente.
Je n’ai pas été directement approché par le secteur quant à la non-reconnaissance du métier de maréchal-ferrant, mais je n’y reste pas moins très sensible. Je me suis donc informé des préoccupations du secteur, qui verrait d’un bon œil une reconnaissance accrue de la profession de maréchal-ferrant.
Cette reconnaissance ne doit pas nécessairement revêtir la forme d’un accès à la profession tel qu’il existe encore pour toute une série de métiers. Il conviendrait plutôt de valoriser davantage la formation, et faire en sorte que les cursus soient menés à terme par les apprenants, ce qui garantirait à coup sûr de meilleures connaissances, davantage de savoir-faire et de dextérité. Le diplôme obtenu au terme des formations au métier de maréchal-ferrant représenterait déjà en lui-même un balisage.
La Wallonie ne s’est toutefois pas encore positionnée en ce sens. La question de l’accès aux professions au sens large est actuellement à l’étude.
Quelle que soit l’orientation prise en ce sens, je m’assurerai d’une continuité de l’exigence de qualité offerte par nos artisans, et je veillerai à inclure son point de vue concernant le métier spécifique de maréchal-ferrant dans la future réflexion globale sur ce thème.