Question écrite de Madame Sobry à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l’Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière sur ” La sensibilisation et la prévention de la conduite sous influence de stupéfiants “
Madame la Ministre,
Le récent accident dramatique causé par le comédien Pierre Palmade a remis sur le devant de la scène les risques engendrés par la conduite sous influence de drogues. Alors que la répression ne cesse de s’accroître contre ce phénomène, il connait une augmentation impressionnante ces dernières années. Ainsi, en huit ans, le nombre d’infractions routières liées à la consommation de stupéfiants est passé de 2 382 à 6 488, selon les chiffres de la Police.
L’usage du cannabis est évidemment le plus fréquent et en devient même, malheureusement, banalisé par certains. La cocaïne, dont on parle beaucoup ces derniers temps, notamment en raison de son important trafic en provenance du port d’Anvers, représente également un grand danger sur la route puisqu’elle entraine une phase de vigilance accrue pendant un instant avant d’enchaîner avec une phase « de descente » où fatigue, anxiété et déconcentration se mélangent.
L’actualité me pousse donc à interroger sur Madame la Ministre le sujet au travers de diverses questions.
Dispose-t-elle de chiffres relatifs aux accidents engendrés par une conduite sous influence de stupéfiants ventilés selon les différentes drogues ?
Quelles actions sont menées en termes de sensibilisation aux dangers que représente la conduite sous influence de stupéfiants ?
Des campagnes « choc » ont-elles lieu, notamment sur les réseaux sociaux, ou sont-elles envisagées ?
Réponse de Madame la Ministre DE BUE
Lors d’accidents corporels, l’information de consommation de drogues est transmise aux Parquets de police, mais elle n’est pas encodée dans la base de données statistiques des accidents corporels. Nous ne disposons donc pas de statistiques d’accidents corporels liés à la conduite sous influence de drogue comme nous en disposons classiquement pour les autres paramètres.
Selon une étude quantitative réalisée par l’AWSR en 2022 au cours de laquelle 2 443 conducteurs ont été interrogés, 6 % des automobilistes wallons avouent prendre au moins occasionnellement le volant après avoir consommé de la drogue.
La drogue la plus consommée par les jeunes wallons de 18 à 34 ans reste le cannabis.
Dans une seconde étude de l’AWSR, une étude qualitative sur le problème de la conduite sous l’influence de drogue, quatre profils de consommateurs de cannabis ont été identifiés :
1. Les fumeurs sociaux : ils fument occasionnellement avec des amis dans un but de socialisation. Ils conduisent après avoir fumé, mais font beaucoup plus attention parce qu’ils savent qu’il y a un risque complémentaire d’accident. Ils sont souvent relativement jeunes.
2. Les fumeurs polyvalents : ils fument une à plusieurs fois par jour soit dans un contexte récréatif s’ils sont avec des amis, soit pour se déconnecter de leur train-train journalier quand ils sont seuls. Ils ont déjà conduit sous l’influence de drogue sans avoir eu d’accident, ils sont donc confiants dans leur maîtrise de la conduite. Ils sont un peu plus âgés.
3. Les poly-consommateurs : ils fument régulièrement ou occasionnellement du cannabis, mais prennent régulièrement d’autres drogues et principalement de la cocaïne. Celle-ci leur permet de tenir le coup face au stress et à la fatigue de leurs journées de travail. Ils travaillent dans des secteurs où les journées sont longues et les responsabilités lourdes (HORECA, médecine, et cetera). Ils sont encore un peu plus âgés.
4. Les fumeurs thérapeutiques : ils fument du cannabis dans un but thérapeutique pour contrer les effets d’une maladie ou de douleurs à la place de médicaments plus traditionnels.
L’étude a aussi clairement mis en évidence le fait que seul le possible retrait de permis avait un impact sur la prise de risque au volant.
D’autre part, l’évolution sociétale vers des consommateurs réguliers de cannabis et donc décelés comme sous influence dans les contrôles, mais en pratique ne se sentant pas comme tels, pose un vrai problème de société et professionnel dépassant largement le domaine de la sécurité routière.
En 2022, des campagnes de sensibilisation aux effets du cannabis et du gaz hilarant sur la conduite ont été menées par l’AWSR sur les réseaux sociaux afin de toucher majoritairement les jeunes et leur faire prendre conscience des dangers.
En 2023, de nouvelles actions de sensibilisation seront également menées, au regard de ce constat particulièrement inquiétant en matière de sécurité routière : une proportion importante de conducteurs combine alcool et drogues. Or, nous savons que ce mélange constitue un cocktail explosif qui décuple le risque d’accident.
Dans ce contexte, la sensibilisation représente effectivement un enjeu important aux côtés du volet contrôles/sanctions.
C’est en ce sens que les mesures de prévention et de sensibilisation seront poursuivies et intensifiées, particulièrement à destination des jeunes.