Question écrite de Madame Sobry à Madame DE BUE Valérie, Ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des Femmes sur “La signalisation des routes régionales pour lutter contre les conducteurs fantômes”
Madame la Ministre,
Il y a peu, l’Institut Vias révélait les résultats d’analyses faites sur les nombreux accidents dus à la présence de conducteurs fantômes sur nos routes depuis dix ans. Chaque année, on en dénombre entre 350 et 400 sur les routes du pays. Si, heureusement, l’immense majorité de ces embardées ne se soldent pas par des accidents, on en dénombre tout de même 122 durant les 10 dernières années, soit environ une par mois.
Parmi les facteurs qui jouent un rôle important, les téléphones portables et les GPS peuvent distraire voire même induire le conducteur en erreur. Des facteurs environnementaux tels que la présence d’une mauvaise signalisation ou d’un marquage inexact suite à des travaux peuvent également désorienter les conducteurs.
Si nous connaissons tous les panneaux « stop » avec une grande main qui se trouvent à hauteur des bretelles d’autoroute, celles-ci sont moins fréquentes sur les routes régionales. Je me permets donc de venir vers Madame la Ministre puisque le Gouvernement est particulièrement ambitieux en termes de sécurité routière où il entend diminuer le nombre de décès annuels à 100 en 2030 et atteindre une « vision zéro » en 2050.
Ce phénomène est-il observé sur les routes régionales ou est-il limité aux autoroutes ?
Quels dispositifs sont actuellement mis en place sur les voiries régionales pour éviter le phénomène de conducteur fantôme ?
Des panneaux tels que ceux présents aux bretelles d’autoroutes pourraient-ils faire leurs apparitions sur le réseau régional ?
Quels sont les autres éléments à mettre en place pour éradiquer ce phénomène ?
Vias préconise de ralentir et serrer à droite, éventuellement sur la bande d’arrêt d’urgence en cas de croisement d’un véhicule à contresens. Une campagne d’information à ce sujet serait-elle opportune ?
Réponse de Madame la Ministre DE BUE Valérie
Madame la Députée,
Les conducteurs « fantômes » ou plus exactement les conducteurs roulant à contresens constituent un enjeu qui fait l’objet d’une attention soutenue et continue de l’administration des routes et de la Police.
Sur les autoroutes de Wallonie, on dénombre en moyenne 5 à 6 accidents corporels par an impliquant des conducteurs « fantômes ». Ces accidents sont beaucoup plus graves que les autres puisqu’ils occasionnent en moyenne quasiment 2 tués par an. La gravité des accidents impliquant un conducteur « fantôme » est ainsi 6 fois plus importante que la gravité moyenne des accidents sur les autoroutes en Wallonie.
Ces données chiffrées sont relativement constantes depuis une dizaine d’années.
Les accidents impliquant des véhicules « fantômes » sont assez rares, au regard du nombre de conducteurs fantômes signalés. Un conducteur à contresens sur autoroute est signalé quasiment tous les 2 jours.
La plupart des accidents se déroulent de nuit et le conducteur « fantôme » est très souvent seul dans le véhicule. Près de 60 % des conducteurs roulant à contresens et ayant pu être testés pour l’alcool sont positifs.
Selon une étude couvrant la période 2008-2017, 70 % des tués et 35 % des personnes blessées dans un accident impliquant un conducteur « fantôme » étaient des occupants du véhicule « fantôme ».
Les données d’accidents relevées et centralisées par les services de police ne permettent pas d’identifier les accidents impliquant un conducteur « fantôme » hors autoroute.
En Wallonie, un ensemble de mesures s’inscrivant dans une démarche structurée est mis en œuvre pour éviter les véhicules à contresens. Cela passe par la géométrie des carrefours et des accès au réseau autoroutier ou routier avec terre-plein central, la séparation des entrées et sorties, une configuration claire en cas de chantier, la signalisation dont le signal « main stop », et cetera.
Il s’agit d’actions préventives efficaces sur le long terme qui se font en correspondance avec les règles de bonnes pratiques européennes discutées notamment en groupe de travail à la Conférence européenne des Directeurs des routes (CEDR).
Par ailleurs, des mesures sont également prises afin de détecter un véhicule à contresens et afin d’avertir rapidement les usagers de la route de la présence d’un conducteur fantôme sur un tronçon. En Wallonie, dès que le centre PEREX est informé de la présence d’un conducteur fantôme, notamment au travers du partenariat avec COYOTE, l’information est diffusée sans délai par les médias.
L’information est également communiquée via les panneaux à affichage variable présents sur les autoroutes, le système COYOTE (messages envoyés sur les écrans des membres) et l’éclairage public devient clignotant dans la zone concernée qui est une innovation du plan Lumière 4.0.
Régulièrement diffusées dans la presse et via les réseaux, les consignes à tout un chacun confronté à cette situation critique peuvent être formulées comme suit :
En cas de conducteur « fantôme » annoncé dans votre direction, modérez votre vitesse et serrez votre droite en évitant d’effectuer un dépassement. Arrivé à sa hauteur, vous pouvez donner un coup de klaxon ou un appel de phare. Après l’avoir croisé, arrêtez-vous sur la bande d’arrêt d’urgence et signalez-le à la police en localisant précisément le lieu où vous vous trouvez. Si vous êtes le conducteur « fantôme », roulez lentement, allumez vos feux de croisement et vos feux de détresse, et, surtout, serrez votre droite ! Il s’agit ensuite de s’arrêter de préférence dans un raccordement transversal sur votre droite ou, à défaut, le plus à droite possible, abandonner le véhicule pour vous mettre en sécurité derrière les barrières de sécurité et y appeler les secours. La police vous aidera à manœuvrer afin de vous remettre dans le bon sens de circulation.