Question orale de Mme Sobry à M. Borsus, Ministre de l’Économie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences, sur « Le projet d’arrêté du Gouvernement wallon fixant les dates d’ouverture, de la clôture et de la suspension de la chasse du 1er juillet 2020 au 30 juin 2025 ».
Mme Sobry (MR). – Monsieur le Ministre, le projet d’arrêté du Gouvernement wallon fixant les dates de l’ouverture, de la clôture et de la suspension de la chasse du 1er juillet 2020 au 30 juin 2025 propose de nouvelles règles en matière de chasse, notamment pour les sangliers, dont les règles sont les suivantes :
– la battue au bois est autorisée du 1er octobre au 31 janvier jusqu’en 2022 puis s’alignera sur les autres grands gibiers, à savoir du 1er octobre au 31 décembre ;
– la chasse à l’affût et à l’approche et autorisée toute l’année comme c’était déjà le cas précédemment ;
– la battue en plaine est autorisée du 1er août au 31 mars ; auparavant, c’était du 1er août au 31 décembre.
Vous indiquez également dans la presse, comme vous l’avez d’ailleurs déjà fait précédemment dans cette commission, vouloir éradiquer le sanglier du nord du sillon Sambre-et-Meuse.
Connaissez-vous la population de sangliers présente au nord du sillon Sambre-et-Meuse ? Avez-vous des informations sur des régions au nord de ce sillon qui seraient particulièrement touchées par la présence du sanglier ?
Alors que le sanglier est présent en France ou en Flandre actuellement, qu’est-ce qui vous pousse à vouloir leur éradication dans cette zone particulière de la Wallonie ? Comment voyez-vous la mise en place de cette éradication ? Un agenda est-il déjà prêt ?
Dans l’attente, ne faudrait-il pas mieux concerter les agriculteurs et les chasseurs du nord du sillon Sambreet-Meuse afin d’éviter les dégâts aux cultures provoqués par une nouvelle menace ?
Pour rappel, la loi du 14 juillet 1961 en vue d’assurer la réparation des dégâts causés par les sangliers aux champs, fruits et récoltes prévoit la responsabilité des propriétaires et/ou des titulaires de droit de chasse des parcelles boisées d’où proviennent les sangliers.
Mr Borsus, Ministre de l’Économie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences.– Madame la Députée, le sanglier est un animal essentiellement forestier, au contraire d’autres espèces qui sont plus naturellement coutumières des plaines, mais qui faute de tranquillité se sont réfugiées en forêt ; par exemple, le cerf. Le domaine naturel du sanglier est la forêt, laquelle est peu rencontrée au nord du sillon Sambre-et-Meuse, dont la caractéristique et le paysage sont plutôt façonnés de plaines, de plateaux, de prairies et de cultures. Ce type de territoire est a priori peu approprié à l’espèce sanglier.
Cependant, il est à noter que le sanglier qui était encore rare, voire complètement absent, dans le Tournaisis, par exemple, il y a 20 ans, aujourd’hui, ce n’est plus le cas puisque cette région se voit aussi colonisée par de nombreux sangliers venus des régions voisines et notamment du nord de la France. De même, le nord du plateau hesbignon se voit aujourd’hui ravagé par les sangliers se développant de plus en plus en forêt de Meerdael située en Flandre. Nous voici donc cernés, les sangliers venant de France et de Flandre. Ce sont des exemples, mais bien réels. Ces colonisations occasionnent de très nombreux dégâts tant à l’agriculture qu’à la petite faune des plaines ainsi qu’à la biodiversité des milieux ouverts en général. Comme vous le savez, le sanglier mange à peu près tout ce qui lui est accessible. Tant l’environnementaliste que le chasseur de petit gibier habitué de ces plaines ou encore l’agriculteur, et moi-même d’ailleurs, souhaitons une diminution drastique des populations de sanglier dans ces régions.
C’est très probablement pour cette raison que le pôle Ruralité, section « chasse », composé de chasseurs, mais également de scientifiques, d’environnementalistes, d’agriculteurs, a remis un avis réservé sur l’interdiction de chasse en battue à partir de 2023 au nord du sillon Sambre-et-Meuse tel que je l’avais proposé et tel que le Gouvernement l’avait accepté dans le projet d’AGW approuvé en première lecture en date du 5 mars dernier. Suite à cela, dans le projet d’AGW soumis à l’approbation du Gouvernement en seconde lecture le 30 avril dernier, j’ai souhaité retirer l’alinéa ayant trait à l’interdiction de chasse en battue au sanglier au nord du sillon Sambre-et-Meuse à partir de 2023. Attention, comme proposé dans l’avis émanant du pôle Ruralité, section « chasse », un monitoring drastique des populations de sangliers dans cette région sera réalisé périodiquement. Le but est d’arriver à éliminer très largement, voire à éradiquer, les sangliers dans ces espaces où, grosso modo, suivant mon analyse, ils n’ont rien à faire, mais d’y arriver autrement ; pas par l’interdiction, mais avec un monitoring, avec des mesures complémentaires de destruction de cette espèce dans cette zone, comme le piégeage ou le tir de nuit qui pourraient être envisagés si besoin. Dans tous les cas, cette problématique sera abordée dans le cadre du plan global de gestion du sanglier en Région wallonne que j’ai demandé à mon administration de préparer.
On le voit avec tout le travail mené tout d’abord par M. Collin et puis par ma collègue, Mme Tellier, en ce qui concerne la présence du sanglier dans la zone PPA, c’est un travail de très longue haleine. Je mesure bien que la disparition complète de la présence du sanglier au nord du sillon Sambre-et-Meuse est chose très difficile à atteindre. Par contre, je mettrai tout en œuvre pour limiter, pour les raisons que j’ai évoquées plus tôt, drastiquement son développement, et ce en concertation avec les collectivités locales, le DNF, les agriculteurs, les environnementalistes, les chasseurs petit gibier et gros gibier, et tous les interlocuteurs concernés. Même quand on aura fait cela, on ne sera pas encore au bout de nos peines puisque le sanglier nage. Il ne suffit donc pas de dire que l’on va en diminuer drastiquement les populations au nord du sillon Sambre–et-Meuse puisqu’il faut aussi que les mouvements de populations depuis les territoires voisins ou depuis le sud du sillon Sambre-et-Meuse soient limités par la diminution dans ces espaces du nombre de sangliers. Voilà ce que je pouvais vous indiquer en étant très transparent et très détaillé concernant notre travail à cet égard et notre raisonnement.