Question écrite de Madame Sobry à Monsieur Phillippe Henry, Ministre du Climat, de l’Énergie et de la Mobilité sur “Le rapport de l’association Clean Cities Coalition Network sur les villes de Wallonie“
Monsieur le Ministre,
L’organisation non gouvernementale Clean Cities Coalition Network a analysé les progrès réalisés par 42 villes européennes en ce qui concerne les émissions et l’impact sur les climats des solutions de transport public mises en place.
Quatre villes belges ont fait l’objet de cette étude : Bruxelles, Anvers, Gand et Liège. Si ces quatre villes ne brillent pas, c’est bien l’unique métropole wallonne qui est la moins bien classée puisque, sur une échelle allant de A à F, elle obtient la note de E et fait partie des dix « pires » villes européennes étudiées.
Les principaux critères de cette étude sont les suivants : la proportion de bus électriques dans la flotte de transport public, la disponibilité de scooters et vélos électriques, la disponibilité de voitures électriques partagées et les infrastructures de recharge publiques.
Alors que le Gouvernement s’est engagé à continuer à développer des transports en commun plus respectueux de l’environnement, à favoriser une flotte de véhicules propres et à optimaliser la performance environnementale par passager transporté, j’ai quelques questions à poser à Monsieur le Ministre.
A-t-il pris connaissance de l’étude précitée ? Comment l’analyse-t-il ?
Comment expliquer le retard de Liège par rapport aux autres villes belges ?
Les autres villes wallonnes auraient-elles reçu un aussi mauvais résultat ?
Comment la politique qu’il mène va-t-elle améliorer la situation ?
Réponse de Monsieur le Ministre HENRY
Madame la Députée,
Le transport est le secteur qui a le plus de mal à réduire ses émissions de gaz à effet de serre depuis 1990, essentiellement du fait de la demande de transport grandissante. Transposer simplement notre modèle actuel dépendant des énergies fossiles vers l’électricité est une chimère et n’a aucun sens. Il faut avant tout réduire la demande grâce notamment au développement d’un aménagement du territoire rationnel. C’est d’ailleurs l’ambition de la Vision FAST, validée sous une précédente législature, que de réduire cette demande de transport de 5 %. Par ailleurs, le report modal et l’investissement massif dans les transports en commun doivent être une priorité absolue. Sous cette législature, je me suis employé à développer l’offre de transport en commun et les infrastructures liés au covoiturage et au vélo. Ces investissements doivent permettre de réduire notre dépendance à la voiture individuelle et son usage.
Le rapport de la coalition Clean Cities Campaign que l’honorable membre cite fait état de différentes solutions de mobilité électrique dont la plupart sont de la responsabilité communale telles que les voitures, vélos et trottinettes partagées.
Pour ce qui concerne le transport en commun, la Wallonie dispose de la plus grande flotte de bus hybride d’Europe. Pour accélérer les bénéfices en matière de qualité de l’air et de lutte contre le dérèglement climatique, le TEC travaille activement sur l’électrification de sa flotte d’autobus, en vue de respecter les obligations de la Directive « Véhicules Propres », qui impose que 45 % des bus commandés entre mai 2022 et décembre 2025 soient des « Bus Propres », dont la moitié de « Bus à Emissions Nulles ».
Le planning de mise en œuvre est déterminé par les démarches d’accès à la puissance électrique et par les travaux d’installation de chargeurs, essentiellement dans les dépôts, mais également en certains terminus stratégiques.
Les premières concrétisations verront le jour début 2025, avec la mise en service du tram de Liège et de la première ligne à haut niveau de service (« BHNS »), baptisée « BusWay 2 », qui reliera la gare des Guillemins au domaine universitaire du Sart-Tilman, au moyen de bus articulés électriques.
Les études de faisabilité et la planification de la conversion progressive de l’ensemble des autres dépôts sont en cours.
Concernant les trottinettes électriques, si elles constituent en effet une solution zéro émission pour les déplacements du dernier kilomètre, leur impact sur le report modal est à nuancer vu que celles-ci sont parfois utilisées comme alternative à la marche à pied, ce qui n’est pas l’effet souhaité.
Tel que prévu par la Stratégie régionale de Mobilité, le développement de solutions de mobilité partagée fait partie de la stratégie de la Région et constitue un des maillons clés de la chaine de déplacement pour atteindre les objectifs de transfert modal de la vision FAST.
J’ai d’ailleurs chargé l’Administration, en avril dernier, d’établir un Plan d’Action pour la Mobilité partagée. En complément, d’une part, des expériences pilotes se développent et, d’autre part, les opérateurs s’installent en Wallonie de leur initiative avec un encadrement au niveau des autorités locales et/ou régionales.
Ces 3 niveaux (plan d’action, projets pilotes et initiatives opérateurs) incluent la dimension électrique des solutions, étant entendu que l’électrification des solutions de mobilités dépasse le simple cadre de la stratégie de mobilité.
Dans le paysage wallon actuel pour la mobilité partagée, tant Cambio (en station) que Poppy (en libre-service) sont présents à Liège pour les voitures partagées (non électriques à ce stade), ainsi que la présence de trottinettes et de vélos électriques en libre-service.
Sur la question de la comodalité dans les villes wallonnes, je citerai les PUM qui envisagent la mobilité dans sa globalité sur les territoires urbains et péri-urbains concernés avec les objectifs de report modal et qui dès lors participent à utiliser chaque mode de manière optimale là où il est pertinent. Les OCBM, en intégrant, à ma demande, le processus Mobilli de participation citoyenne, sont également un outil permettant de favoriser le report modal et sont un lieu d’échange en vue de redéployer progressivement, zone par zone, le réseau du TEC.