Question de Rachel Sobry à Céline Tellier, Ministre de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal: “Le recyclage des eaux usées”
Rachel Sobry (MR) – La sécheresse est au cœur des préoccupations du monde agricole, en atteste le nombre important de questions traitées à ce sujet dans la commission du collègue de Madame la Ministre, le Ministre Willy Borsus, durant ces dernières semaines.
De nombreux agriculteurs sont contraints d’irriguer leurs cultures pour que celles-ci ne souffrent pas trop du manque de pluie. Recourir à de l’eau de distribution n’est généralement pas une option, car trop coûteuse. Aussi, les demandes pour forer des puits se sont multipliées. En Flandre, où les nappes phréatiques sont moins abondantes, plusieurs agriculteurs ont fait installer dans leurs champs un système de robinets reliés à un bassin d’eau usée recyclée.
En effet, une usine de Flandre occidentale située à proximité de terres agricoles utilise une importante quantité d’eau claire pour le blanchiment et le refroidissement de légumes. L’eau utilisée est alors épurée en interne et réutilisée pour le premier lavage grossier des légumes. Le recyclage ne s’arrête pas là puisque cette eau est alors à nouveau épurée et stockée dans un bassin. Elle peut ensuite être redirigée vers des terres agricoles et vendue à un prix intéressant aux agriculteurs.
Bien qu’il y ait eu quelques expériences ponctuelles en la matière, l’eau n’est pas réutilisée pour les champs et il n’existe pas de guichet pour la récupération des eaux d’entreprises dans notre région. Une réflexion serait cependant en cours à la Société publique de gestion de l’eau.
Notons qu’il s’agit également d’un enjeu environnemental puisque la Commission européenne a adopté il y a quelques mois, un nouveau règlement afin d’inciter les États membres à recycler leurs eaux usées.
S’agit-il d’une piste de solution face au dérèglement climatique dont souffrent les agriculteurs ?
Le Gouvernement entend-il soutenir le recyclage des eaux usées en vue d’une utilisation agricole ? Si oui, comment ?
Céline Tellier, Ministre de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal – Je tiens en préambule à rappeler que la Wallonie est pionnière en matière de réutilisation d’eaux de process puisque la société Hesbaye-Frost implanté fait de la ferti-irrigation depuis plus de 20 ans. Il s’agit d’une utilisation récurrente, dont les modalités sont fixées dans le permis de l’établissement.
L’initiative prise en Flandre par la Fevia, vise à simplifier la mise à disposition temporaire d’eaux usées à des fins d’irrigation durant des périodes critiques (semis, levée des plantes, récolte). Le SPW ARNE a eu des contacts avec la Fevia fin du printemps pour définir les modalités d’une telle utilisation en Wallonie.
Actuellement, l’utilisation d’eaux usées industrielles est soumise à une décision ministérielle qui impose un enregistrement et un certificat d’utilisation de celles-ci qui ne se font pas par un système en ligne comme en Flandre. Une simplification du système à l’instar du système flamand pourrait être envisagée.
En ce qui concerne l’utilisation de l’eau urbaine résiduaire issue des stations d’épuration publiques, des contacts entre mon Administration et la SPGE ont eu lieu suite de l’adoption en juin 2020 du Règlement européen relatif aux exigences minimales applicables à la réutilisation de l’eau et un groupe de travail a été constitué dans le cadre du schéma régional des ressources.
À ce stade, les modalités de mise en œuvre de la réutilisation de l’eau usée doivent être précisées et décrites dans le respect du règlement européen, des prescriptions du Plan de gestion durable de l’azote en Agriculture et des débits biologiques de base des cours d’eau.
La réutilisation de l’eau bien est l’une des mesures qui sera développée dans le cadre de la stratégie intégrée sécheresse que j’ai évoquée dans ma réponse aux récentes questions sur ce sujet.