Question de Rachel Sobry à Willy Borsus, Ministre de l’Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences: “Le soutien au numérique pour les entreprises wallonnes”
Rachel Sobry (MR) – Un récent article du journal L’Echo mettait en avant le fait que la Wallonie pourrait retrouver son ADN historique en alliant numérique et industrie. En effet, la Région wallonne a joué un rôle fondamental dans l’avènement de la révolution industrielle entre le 16 et le 19ème siècle. Au 20ème siècle encore, de nombreux entrepreneurs ambitieux et tournés vers l’avenir ont permis de mettre en place les conditions d’une modernisation importante de l’industrie, tel William Cockerill à Liège.
Cependant, on remarque, depuis le début des années 50, un essoufflement de la dynamique industrielle et une perte de vitesse de la Wallonie par rapport à ses voisins dans ce domaine.
Le monde actuel demande au secteur industriel de sans cesse se renouveler et de trouver de nouvelles techniques de modernisation. Cela peut paraître simple pour certaines entreprises qui ont les moyens de se moderniser rapidement mais, pour d’autres, parfois implantées dans notre région depuis longtemps, une modernisation numérique peut représenter un défi de taille.
Afin de soutenir ces entreprises, le Gouvernement wallon dit vouloir permettre un soutien à la transition numérique afin d’arriver à l’émergence d’une industrie 4.0.
La Déclaration de politique régionale promeut également la création de véritables « domaines d’excellence numérique », notamment via des aides aux financements pour les entrepreneurs digitaux.
Quel est l’état actuel d’avancement dans le soutien au numérique des entreprises ?
Quelles entreprises peuvent effectivement bénéficier d’un soutien ?
Quelles sont les aides régionales mises en place pour le financement d’entrepreneurs digitaux ?
Les demandes sont-elles nombreuses ?
Willy Borsus, Ministre de l’Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences – À l’heure actuelle, nous dénombrons plus de 2 200 entreprises manufacturières en Wallonie. Le secteur est donc important et nécessite un accompagnement ciblé pour lui permettre d’adopter une position concurrentielle forte. C’est pourquoi, depuis 2017, le Gouvernement soutient ces entreprises manufacturières au travers du plan « Digital Wallonia : Made Different », et spécifiquement depuis cette année, à travers le programme régional « Digital Wallonia : Ambitions Industrie du Futur 2020-2024 ».
Pour ce qui concerne le bilan de 2017-2019 du programme Digital Wallonia Made Different :
– sur les 2.200 entreprises, 1182 entreprises ont été sensibilisées à la démarche Industrie 4.0 en prenant connaissance du programme. Cette sensibilisation est passée par une participation active à des séminaires ou/et des ateliers sur le sujet ;
– 180 entreprises ont reçu la visite sur site d’un expert Industrie 4.0 ou d’un partenaire Made Different dans l’objectif d’évaluer le degré de maturité numérique de l’entreprise et de recevoir un diagnostic relatif à son positionnement vis-à-vis des sept étapes de transformation d’une entreprise verse une « Industrie du futur » ;
– 4 entreprises ont été labellisées « Factory of the Future », c’est à dire qu’elles ont obtenu un score favorable sur l’ensemble des 7 transformations vers une « Industrie du Futur », et 13 entreprises ont reçu le prix « d’Ambassadeur Made Different », c’est-à-dire qu’elles ont reçu un score favorable dans au moins une des 7 transformations.
En plus de ces efforts de sensibilisation et d’accompagnement, le nouveau programme « Digital Wallonia : Ambitions Industrie du Futur 2020-2024 » engage un travail sur 4 axes :
* La gouvernance : vise à structurer les projets 4.0, à assurer une coordination entre les acteurs et à lancer des appels à projets ciblés en fonction des problématiques de terrain.
* Les compétences : vise à adresser la question des nouveaux métiers liés à l’industrie 4.0 [notamment avec le projet UpSkills Wallonia qui vise l’acquisition de compétences nouvelles, notamment dans le cadre de la reconversion professionnelle].
* Le secteur du numérique : vise à clarifier l’offre des expertises wallonnes en termes de formation, recherche & innovation et financement (notamment avec l’objectif de capter les financements européens pour mener des projets d’envergure sur le territoire wallon).
* La communication : vise d’une part à rendre le secteur manufacturier plus attractif pour les jeunes, et d’autre part à intégrer un maximum d’entreprises dans la démarche de l’industrie 4.0.
Pour piloter cet ambitieux programme, 38 partenaires constituent un consortium construit autour d’un même objectif : aider les entreprises manufacturières à devenir plus compétitives sur le court et moyen terme par le recours à l’implémentation des principes de l’industrie 4.0 dans leurs processus métier, leur production et le développement de produits ou services utilisant les technologies numériques.
Plus précisément, les ambitions que se sont fixées les partenaires du consortium Industrie du Futur pour 2024 sont :
– sensibiliser 70 % des 2200 entreprises manufacturières ;
– accompagner et/ou former 40 % des entreprises manufacturières sur un enjeu de l’industrie du futur (stratégie, organisation, logistique ou technologique) ;
– accompagner et/ou former 50 entreprises manufacturières identifiées comme avancées et prometteuses pour devenir des industries du futur à court terme ;
– labelliser, via le prix « Factory of the Future », un minimum de 10 entreprises avec une diversité sectorielle.
En ce qui concerne les aides à la transformation numérique disponibles, elles passent principalement par le dispositif des chèques-entreprises et des chèques technologiques. Toutes les PME wallonnes sont éligibles à ces interventions.
Pour rappel, les chèques-entreprises « maturité numérique » et « cybersécurité » permettent aux entreprises de bénéficier de services de conseils et d’accompagnement spécialisés pour un montant de maximum 90 000 euros sur trois années civiles avec un taux d’intervention de la Région de 75 % calculé sur les honoraires du prestataire.
Le dispositif des chèques technologiques autorise, lui, les PME wallonnes à développer des projets innovants – souvent numériques – en partenariat avec un Centre de Recherche agréé ou appartenant à une Haute École. Le subside maximal est fixé à 45 000 euros avec un taux d’intervention de la Région établi à 75 % également.