Question orale de Mme Sobry à M. Borsus, Ministre de l’Économie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences, sur « le taux d’occupation des zonings wallons ».
Mme Sobry (MR). – Monsieur le Ministre, le territoire wallon compte 224 parcs d’activités, dont sept parcs scientifiques, six aires logistiques et 11 infrastructures multimodales sur une superficie de plus de 12 000 hectares. Ces zones sont notamment caractérisées par une grande disponibilité et des prix raisonnables que ce soit au niveau locatif ou des prix des terrains.
La situation géographique de la Wallonie, son offre en matière de réseaux routiers, son réseau ferroviaire et fluvial ainsi que son savoir-faire, font de la Wallonie une région plutôt attractive économiquement.
Aussi, elle met en œuvre des aides en matière de compétitivité, notamment grâce à des aides financières mises en place pour faciliter l’implantation de nouvelles entreprises sur le territoire wallon. La Wallonie présente un régime fiscal relativement attractif grâce à un certain nombre de mesures mises à disposition des entreprises.
Néanmoins, malgré tous ces atouts, nous constatons que certains zonings ont du mal à se remplir et le taux d’occupation de certains zonings est encore trop bas. Il y persiste un manque d’attractivité auprès des investisseurs et la Wallonie reste encore trop méconnue.
Monsieur le Ministre, quelles solutions envisagezvous pour attirer les investisseurs en Belgique et plus particulièrement en Wallonie ? Comment pouvons-nous mettre en valeur la Wallonie auprès des investisseurs ?
M. Borsus, Ministre de l’Économie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences. – Madame la Députée, la question concernant le taux d’occupation des zonings wallons est intéressante.
Selon les informations fournies par l’administration, le taux moyen d’occupation des zones d’activités économiques, début 2019, couvrant 280 parcs d’activité économique, dont sept parcs scientifiques, six parcs logistiques et 11 parcs multimodaux, est de l’ordre de 85 % ce qui reflète une situation assez différente que celle que vous décrivez. En effet, la situation réelle indique que les zonings industriels sont proches de la saturation, sauf rare exception.
C’est d’ailleurs dans ce contexte que l’Agence wallonne à l’Exportation et aux Investissements étrangers, et Wallonie Développement, ont attiré mon attention sur la pénurie de grands terrains, généralement facteurs d’attractivité pour les investisseurs étrangers.
Je souhaite particulièrement attirer l’attention de Mme la Députée sur la raréfaction de grandes surfaces à usage industriel, particulièrement des parcelles de l’ordre ou supérieures à 10 hectares en ce qui concerne leurs superficies et de parcelles équipées et bien localisées qui puissent être disponibles rapidement. En effet, il est de plus en plus difficile, malgré les bonnes volontés de tous les acteurs concernés – Gouvernement, administrations fonctionnelles, Agence de développement territorial, pouvoirs locaux, et cetera – de proposer aujourd’hui, dans le cadre de grands projets industriels d’ampleur qui consomment de l’espace, un choix, même restreint à quelques propositions. Il est ainsi difficile de proposer de grandes parcelles de terrain qui soient rapidement opérationnelles. Cette pénurie se conjugue avec les exigences toujours bien présentes et quelques fois renforcées des investisseurs quant à la qualité des terrains proposés, leur configuration, leur proximité des centres de consommation et leur accessibilité, leur équipement et d’autres paramètres encore. Bref, un ensemble de facteurs dont l’importance s’est accrue significativement ces dernières années.
À ce jour, l’offre de terrain de grande taille recensée se chiffre à 703 hectares ; c’est une offre brute. Cette même offre avoisinait les 907 hectares au recensement de 2017, soit une diminution du « stock » de 23 %.
Pour cause de procédure interrompue, d’actions diverses, de recours intentés par des riverains – dont je n’apprécie évidemment pas de légitimité ou de la pertinence – ou des partenaires, de permis non accordés ou encore de topographie des lieux limitant le taux d’occupation ou d’autres paramètres encore, on doit considérer qu’un peu plus de la moitié du stock initial, soit seulement 434 hectares, semblent immédiatement utilisables. Si l’on prend en compte certains délais de mise en œuvre, seulement 214 hectares – le chiffre se restreint encore – sont immédiatement activables. Il s’agit de ce que l’on considère comme l’offre nette. Le solde des terrains disponibles, soit plus ou moins 220 hectares, présente soit des contraintes d’occupation quant au secteur éligible sur la zone – par exemple, la filière sectorielle liée au bio, à la pétrochimie, aux aéroports, au bois –, soit sont rejetés par les investisseurs finaux pour cause de contraintes techniques : refus d’y accueillir des activités industrielles, présence de contraintes physiques, terrain enclavé, présence de lignes à haute tension, et cetera.
Bien que de nouveaux parcs d’activités économiques aient été équipés et finalisés récemment, la phase de commercialisation de ces parcs d’activités économiques débute et laissera place à un taux d’occupation croissant au cours des prochains mois.
Si l’on analyse la localisation des grands terrains potentiellement disponibles pour une activité industrielle, les constats sont les suivants.
La disponibilité foncière est critique du côté de Liège, près de 90 % des zones industrielles y sont saturées.
Le Brabant wallon et le Hainaut occidental ne disposent plus de terrains de grande taille. En dépit de notre collaboration étroite avec Wallonie Développement, les intercommunales de développement territorial et les administrations, il nous est quasi impossible de proposer dans ces zones une localisation de grande taille satisfaisante, avec le risque que les porteurs de projets s’orientent vers d’autres régions d’Europe ou d’autres régions limitrophes de notre territoire, particulièrement à l’affût de nouveaux investissements. C’est notamment le cas des Hauts-deFrance.
Si la région de Charleroi semble encore disposer de terrains de belle superficie, il faut constater que plusieurs d’entre eux font l’objet de réservation pour des projets en cours et qu’un seul site, anciennement occupé par Caterpillar, représente, lui, une superficie de 100 hectares ; mais sous réserve des opérations telles que je viens de les décrire plus avant dans notre commission, notamment à propos de Thunder Power.
Seule la région du Cœur du Hainaut parvient encore à mobiliser un certain nombre d’offres à cet égard.
Je comprends naturellement que l’utilisation à des fins industrielles du territoire doit être maîtrisée et parcimonieuse. C’est effectivement le sens de notre Déclaration de politique régionale et du message que je porte en tant que ministre de l’Aménagement du territoire. Il faut aussi que l’on puisse mobiliser la reconversion d’anciens sites d’activités économiques désaffectés de manière à offrir des propositions et que l’AWEx puisse poursuivre ses efforts de prospection et de conviction auprès d’investisseurs étrangers.
S’établir en Wallonie, c’est entreprendre au cœur de l’Europe. Dans certains cas, il y a un attrait pour notre Région qu’il convient que nous puissions continuer à montrer, à présenter et à vanter à l’international, notamment eu égard à nos capacités de communication, notre savoir-faire, nos entreprises de pointe dans une série de domaines.
Voilà l’état des lieux que je pouvais dresser avec vous. Pour le déploiement, d’une façon équilibrée entre préoccupation de l’aménagement et de la préservation du territoire et l’attractivité économique, on doit décliner dans les prochains mois ce que la DPR nous confie comme mandat de travail.