Question orale du 22/09/2020 de Mme Rachel Sobry à Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation sur “Le traitement de l’actualité via des fiches dans les écoles”
Mme Rachel Sobry (MR). – Entre la crise sanitaire et le mouvement Black Lives Matter, l’actualité de ces derniers mois est variée et il n’est pas toujours simple d’en comprendre toutes les subtilités. Ce constat est d’autant plus vrai pour les plus jeunes. Il est pourtant primordial que les enfants soient en mesure de comprendre ces faits d’actualité dont ils entendent sans cesse parler sans nécessairement en mesurer toute la portée. Face à ces interrogations et afin d’aider les enseignants à mener des débats sur des questions d’actualité, Enabel, l’agence belge de développement, en partenariat avec Amnesty International, la RTBF et le CSEM, a élaboré des fiches explicatives permettant des pistes de réflexion. Les premières fiches sont disponibles sur le site www.questionsvives.be. Elles sont divisées en deux sections. La première donne les informations brutes, mais vérifiées, validées et remises dans leurs contextes. La seconde section propose différentes pistes de réflexion sur le sens, les valeurs, etc. liées aux événements. Ces fiches peuvent être utilisées en classe, principalement dans l’enseignement secondaire. Elles permettent d’appréhender un élément d’actualité et d’en débattre.
Le dispositif promet de mettre de nouvelles fiches à disposition des enseignants dans un délai de 36 heures après un important fait d’actualité.
Madame la Ministre, quel est votre avis sur l’utilisation de ces fiches portant sur l’actualité?
Un tel outil pourrait-il être mis en place de manière plus large et systématique en Fédération Wallonie-Bruxelles?
Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – Mesdames les Députées, ces initiatives d’éducation aux médias dans les écoles sont encadrées par le décret du 5 juin 2008 portant création du Conseil supérieur de l’Éducation aux Médias et assurant le développement d’initiatives et de moyens particuliers en la matière en Communauté française. Outre les initiatives «Ouvrir mon quotidien» et «Journalistes en classe», ce décret limite, pour l’appel à projets en milieu scolaire que vous avez cité, le nombre de projets à dix écoles, cinq de l’enseignement fondamental et cinq du secondaire, pour un budget annuel total de 20 000 euros. Chaque année, le CSEM reçoit entre 25 et 40 dossiers de candidatures et doit donc procéder à une sélection en fonction de critères connus au préalable par les équipes pédagogiques au moment de la constitution du dossier. Cette année, la réalisation et le suivi des projets ont évidemment été rendus plus compliqués par la suspension des cours et le contexte sanitaire. C’est pour cela qu’à la fin avril 2020, avec mon accord et celui de la Direction générale de l’enseignement obligatoire (DGEO), le CSEM a permis aux écoles, quand c’est possible, de poursuivre leur projet en début d’année scolaire 2020-2021. La finalisation du dossier administratif doit désormais être réalisée pour le 15 octobre 2020 et le rapport d’activité être rendu pour le 31 octobre prochain. À ce jour, deux écoles ont terminé leur projet et le CSEM reste en contact avec les autres établissements afin de les encourager à terminer leur projet et pour voir comment les aider au mieux à le réaliser.
L’appel à projets 2020-2021 a pour thème «stéréotypes de genre dans et avec les médias». Les dossiers de candidature sont attendus pour le 12 octobre 2020. La circulaire organisant les modalités des opérations «Ouvrir mon quotidien» et «Journalistes en classe» est parue la semaine passée. Elle prend en compte la situation épidémique actuelle. «Ouvrir mon quotidien» s’est arrêtée prématurément l’année passée à cause de la suspension des cours. Elle débutera plus tôt cette année et sera prolongée afin que chaque école fondamentale et secondaire reçoive les journaux tout au long de l’année scolaire. Du 21 septembre au 4 octobre, pendant la Quinzaine de la presse, toutes les écoles primaires et secondaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles recevront tous les quotidiens afin de permettre aux enseignants et aux élèves de découvrir le potentiel de l’utilisation de la presse écrite en classe. Pour «Journalistes en classe», le contexte sanitaire est pris en compte dans l’organisation de cette initiative. Les journalistes devront évidemment se plier aux mesures d’hygiène prises s’ils vont dans une école du fondamental. Pour le secondaire, la présence de tiers étant limitée, l’Association des journalistes professionnels (AJP) a mis en place une possibilité d’organiser des rencontres virtuelles en visioconférence entre les classes et les journalistes. Certaines écoles ont déjà fait part de leur intérêt pour cette formule.
Enfin, «Écran large sur tableau noir», opération amenant chaque année près de 135 000 élèves dans les centres culturels et les cinémas de la Fédération Wallonie-Bruxelles, a évidemment été interrompue au mois de mars dernier et reprend pour le moment dans le fondamental. Je n’ai pas encore de chiffres à vous fournir. Comme je l’ai déjà largement évoqué, avec la ministre Linard, nous avons fait parvenir des propositions aux experts sanitaires et aux autorités fédérales afin de permettre une reprise des activités en extra-muros dans le secondaire. J’espère que les initiatives du CSEM pourront prochainement reprendre. Toutefois, cela ne dépend pas que de la volonté de notre gouvernement, mais bien de la stratégie globale de lutte contre la pandémie et de l’évolution de son contexte.
Enfin, de nombreux outils produits par le CSEM sont effectivement disponibles sur e-classe, tout comme les fiches «Questions vives» que vous avez évoquées, Madame Sobry. J’invite évidemment les équipes pédagogiques à aller les consulter. Cette collaboration entre Enabel, Amnesty, la RTBF et le CSEM m’enthousiasme. Ce projet vise réellement à répondre à une demande du terrain en aidant les enseignants à répondre à des sujets d’actualité chauds, sur lesquelles ils doivent aborder des thématiques complexes, tout en gérant l’émotion suscitée par cette actualité. Comment réagir face à sa classe le lendemain des attentats de «Charlie Hebdo» ou en plein cœur des dérives complotistes liées à la crise de la Covid-19? Les enseignants peuvent s’inscrire aux alertes e-mail et recevoir des fiches dans les 36 heures sur le site www.questionsvives.be. Ils peuvent y consulter les fiches déjà parues et les autres ressources mises à leur disposition. Des fiches dites «transversales» qui abordent la question de la gestion des émotions en classe, de l’organisation d’un débat démocratique avec ses élèves ou de la neutralité de l’enseignant y sont également mises en ligne. Je sais que deux premières fiches «Questions vives» ont été réalisées et testées par des enseignants, l’une sur la crise du coronavirus, l’autre sur le décès de George Floyd et ses conséquences. À peine trois semaines après son lancement, le site enregistre à ce jour plus de cinq cents inscriptions, ce qui prouve qu’il suscite un réel intérêt. Via e-classe, nous participons également à la diffusion.