Question de Rachel Sobry à Christie Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Egalité des chances et des Droits des femmes: ” Les actions de la Wallonie face à la croissance de l’agressivité vis-à-vis du personnel soignant “
Rachel Sobry (MR) Madame la Ministre, voici un an, le personnel soignant était – à juste titre d’ailleurs – encensé et applaudi pour le dévouement dont il faisait preuve pendant cette crise.
Une grosse année après le début de la pandémie, les applaudissements ont disparu.
En outre, l’ISPPC souligne qu’une hausse de l’agressivité vis-à-vis de ce personnel soignant a malheureusement été observée.
Comme vous le savez, les répercussions de la crise sur le moral des Wallons et des Wallonnes sont énormes. Hélas, le ras-le-bol de certains citoyens semble s’extérioriser aussi dans les hôpitaux où cette ambiance de pandémie, conjuguée à des temps d’attente parfois importants, a raison de la patience des visiteurs.
Les insultes et menaces seraient devenues bien plus régulières, pouvant aller jusqu’à l’agression physique. Par exemple, il a été reporté qu’une technicienne de surface de l’hôpital Marie Curie s’est a reçu un coup de pied pour avoir demandé à un patient de rejoindre une file d’attente. L’ISPPC a lancé une campagne de sensibilisation à ces violences, mais le phénomène dépasse très probablement la zone géographique de l’intercommunale. Même s’il est compréhensible que la crise sanitaire pèse de plus en plus sur le moral de tout un chacun, cette montée d’agressivité n’en est pas moins inacceptable.
Madame la Ministre, quelle est votre position par rapport à cette montée d’agressivité constatée dans certains hôpitaux ? Comment peut-on la prévenir ?
Ce constat s’étend-il effectivement à une étendue géographique plus large que celle que j’évoque, voire à l’ensemble de la Wallonie ?
Une campagne de sensibilisation ou de prévention est-elle envisagée par la Région wallonne ?
Mme Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes. – Mesdames les Députées, la problématique de la violence ou de l’agressivité envers le personnel hospitalier et soignant n’est malheureusement pas neuve, mais elle s’exacerbe encore avec la crise.
Fin de l’année 2019, on apprenait que le nombre d’agressions envers le personnel hospitalier avait augmenté de 24 % en 10 ans. Les agressions sont principalement verbales : des insultes, des menaces, des réactions déplacées, mais elles peuvent aller jusqu’à des agressions physiques, avec des coups et des blessures de la part de patients, de leur famille ou de leur accompagnant.
Comme vous le savez, les hôpitaux relèvent des compétences partagées des entités fédérées et du Fédéral, ce dernier s’occupant plus particulièrement du financement des hôpitaux et de la gestion du personnel, et nous des infrastructures.
Dès 2005, des moyens financiers ont été mis à disposition des hôpitaux pour le financement d’agents de sécurité. Pour le moment, 18 millions d’euros y sont consacrés.
Par ailleurs, depuis 2011, l’octroi d’un complément fonctionnel au responsable des équipes infirmières est assorti d’une obligation de formation continue à raison de minimum huit heures par an. Ces formations sont validées par le SPF Santé publique et doivent porter sur des aspects concrets relatifs à la gestion des équipes.
Les fédérations hospitalières contactées à cet égard par l’AViQ indiquent que, outre les campagnes de sensibilisation qui ont été initiées récemment, des hôpitaux ont déjà mis en place un certain nombre de supports technologiques et humains à la sécurité du personnel, comme des services de gardiennage, des caméras, et cetera, éventuellement une déclaration d’événements indésirables, comme les agressions, auprès de la cellule qualité.
Ces événements font ensuite l’objet d’un suivi avec accompagnement des personnes agressées et d’une collaboration avec la police en cas d’agression physique afin d’envoyer systématiquement des courriers signés par la direction aux auteurs des faits.
Par ailleurs, toute une série de mesures ont été prises pour maintenir le lien entre les patients et leur entourage dans un contexte de limitation des visites: appels téléphoniques réguliers des soignants à l’entourage, mise à disposition de tablettes de communication, mise en place d’un système d’échange d’effets personnels.
Des formations et des accompagnements du personnel confronté à ces violences existent également, qui sont aussi organisés par des organismes de protection du bien-être au travail.