Question écrite de Madame Sobry à Madame DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l’Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière sur ” Les chiffres relatifs aux accidents de la route de cyclistes “
Madame la Ministre,
L’institut Vias a communiqué les chiffres relatifs à la sécurité routière durant les six premiers mois de l’année courante. Ceux-ci ne sont guère encourageants puisqu’une hausse de près de 40 % du nombre de tués et de 20 % de nombre d’accidents graves est déplorée.
Vias s’est également penché sur les chiffres des hospitalisations pour se rendre compte que le nombre de blessés de la route qui y étaient recensés est bien plus important que celui généralement pris en compte à partir des procès-verbaux de police.
Se baser sur les chiffres des hôpitaux plutôt que de la police permet de souligner le très important nombre d’accidents de la route impliquant des cyclistes. Il est vrai qu’environ la moitié des accidents graves en vélo n’impliquent pas d’autre utilisateur de la route si bien que la police n’y est que rarement dépêchée.
Ainsi, 43 % des blessés graves de la route seraient désormais des cyclistes contre seulement 27 % en 2005. À l’inverse, le nombre de blessés graves hospitalisés a nettement baissé durant cette même période.
Sur base de ces informations, j’ai plusieurs questions à adresser à Madame la Ministre.
A-t-elle pris connaissance de ces chiffres relatifs aux hospitalisations découlant d’accidents de la route ? Quels enseignements en tirer ?
Convient-il de les prendre en compte au même titre que ceux provenant de la police ?
Comment expliquer l’augmentation d’hospitalisations des cyclistes là où celles des automobilistes sont en baisse ?
Quelles mesures spécifiques sont prises pour la sécurité des cyclistes sur les routes wallonnes ?
Réponse de Madame la Ministre De Bue Valérie
Madame la Députée,
Effectivement les chiffres en matière de sécurité des cyclistes ne sont pas bons ces derniers mois.
Les statistiques d’accidents de cyclistes enregistrées par la Police sont effectivement inférieures par rapport aux chiffres des hospitalisations à la suite d’un accident. Ce phénomène est particulièrement important pour les accidents impliquant des cyclistes. Pour chaque cycliste enregistré dans les données policières, ce sont près de 7 cyclistes blessés admis à l’hôpital. Le signalement ou non de l’accident dépend notamment du type d’accident et de la gravité des blessures : Quand un tiers est un véhicule motorisé, l’accident est le plus souvent rapporté aux forces de l’ordre tandis que ceux sans tiers le sont nettement moins ; au plus les blessures sont graves, au plus l’accident est signalé à la police.
Ces différences entre les données relevées par les services de police et les données provenant des services hospitaliers sont également présentes dans les autres pays d’Europe, et ce, tout particulièrement pour les cyclistes et les piétons.
Ces données hospitalières sont intéressantes, car elles donnent une vue plus précise du nombre réel de victimes impliquées dans les accidents de la route. Malgré le “sous-enregistrement”, l’analyse des statistiques de la police reste essentielle pour mesurer l’évolution de l’accidentalité et identifier les moments, lieux et usagers à cibler. L’AWSR utilise ces informations pour la mise en place des actions de sensibilisation.
L’augmentation d’hospitalisations des cyclistes là où celles des automobilistes sont en baisse est à mettre en parallèle avec un accroissement du vélo dans la part modale, mais également avec le succès des vélos électriques. Ainsi, nettement plus de cyclistes circulent sur nos routes qu’il y a quelques années. Les vélos électriques sont plébiscités par des usagers plus âgés c’est-à-dire des usagers plus fragiles en cas de chute ou d’accident. Les vélos électriques permettent aussi des vitesses de circulation plus élevées et donc avec des conséquences plus sévères en cas d’accident ou de chute. Enfin, la part des accidents corporels “seul en cause”, liés à une chute, est plus importante chez les usagers de vélos électriques que ceux de vélos classiques.
Parmi les mesures les plus efficaces en termes de sécurité routière figurent les mesures plus spécifiquement liées aux infrastructures (sites propres, adaptation des voiries à un meilleur partage de la route, et cetera). Elles relèvent quant à elles du domaine de mon collègue, Philippe Henry, ou des autorités locales pour les voiries communales.
Pour améliorer la sécurité routière et atteindre nos ambitieux objectifs, l’organisation des états généraux de la sécurité routière a été l’occasion de rassembler l’ensemble des acteurs et d’établir une série de recommandations dont plusieurs concernent les cyclistes. Plus de précisions sur ces travaux sont consultables sur le site du Conseil Supérieur wallon de la Sécurité routière. À partir de ces travaux, je me suis personnellement fixé 10 mesures prioritaires à réaliser d’ici la fin de mon mandat.
Dans le souci constant des enjeux de sécurité routière, l’AWSR réalise tout au long de l’année des actions et des campagnes de sensibilisation portant sur les cyclistes. Celles-ci s’adressent tant aux cyclistes eux-mêmes, qu’aux autres usagers de la route, afin d’encourager au partage de la route en toute sécurité et sérénité.
Rappelons la campagne grand public du mois d’avril dernier au sujet des 2 roues : Messages et bonnes pratiques diffusés le long des routes et sur les réseaux sociaux vers les automobilistes et vers les usagers vulnérables (cyclistes, trottinettistes, cyclomotoristes, motards).
L’AWSR intègre, tant que possible, les différents modes de déplacements dans le cadre de ses campagnes de sensibilisation portant sur les grandes thématiques de sécurité routière (distraction, conduite sous influence, et cetera).
En collaboration avec les communes, les entreprises et les associations, l’AWSR donne des formations sur l’utilisation du vélo en toute sécurité, dont notamment un module spécifique sur le vélo à assistance électrique. Ces ateliers abordent les bases des règles pratiques de circulation et de l’équipement ainsi que l’identification et l’anticipation des risques pour éviter les situations potentiellement dangereuses. Elle comporte également une partie pratique qui consiste en des mises en situation et des exercices d’adresse afin de mieux appréhender le vélo.
Le quiz de la route qui sera lancé en octobre 2022 reprendra de nombreuses questions sur la mobilité douce et la sécurité des cyclistes.
Comme chaque année, l’AWSR mènera à l’automne 2022, une campagne de sensibilisation à la visibilité, principalement centrée sur les usagers vulnérables, dont les cyclistes.