Question orale de Mme Sobry à Mme Désir, Ministre de l’Education sur “Les devoirs en éducation physique”
Mme Rachel Sobry (MR). – En Wallonie, six établissements d’enseignement secondaire, situés à La Louvière, Tournai, Leuze-en–Hainaut, Soignies, Nivelles et Louvain-la-Neuve, ont commencé à tester un système visant à ce que les élèves effectuent, chaque semaine, un devoir en éducation physique. Ce système fonctionne grâce à une application pour smartphone. Un plan d’entraînement adapté au niveau de l’élève est créé en fonction du résultat d’un test de condition physique réalisé à l’école. L’objectif est d’amener celui-ci à courir deux fois par semaine durant une trentaine de minutes, en dehors de l’école; il suffit d’activer l’application et de suivre les consignes. Les données sont enregistrées et les professeurs d’éducation physique peuvent suivre l’évolution de leurs élèves sur un tableau de bord. Ils peuvent ainsi vérifier si ces derniers ont bien réalisé leur devoir. Cette initiative a été prise à la suite de la publication d’un constat alarmant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), selon lequel la condition physique de nos adolescents a fortement diminué ces dernières années.
Madame la Ministre, ne serait-il pas opportun de généraliser ce système à l’ensemble des établissements scolaires?
Il pourrait s’agir d’une bonne manière d’amener les enfants à faire du sport, qui plus est, de façon ludique, généralisée et uniforme, sans créer de discriminations.
Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – Le manque d’activité physique chez les jeunes peut en effet avoir des effets néfastes sur leur santé actuelle, mais aussi future. Il ne s’agit pas de faire de tous les jeunes des sportifs de haut niveau, mais bien de favoriser chez le plus grand nombre une pratique raisonnée, mais suffisante et régulière du sport. Les pratiques que vous citez me semblent très encourageantes. Elles vont effectivement générer de la motivation et installer, nous l’espérons, une pratique saine et durable. Avant de me prononcer, voire de soutenir ces pratiques, j’attends une évaluation afin d’en connaître les difficultés et les bienfaits.
Par ailleurs, dans le cadre du dernier contrat d’administration de la Fédération WallonieBruxelles, un protocole de collaboration entre l’Administration générale de l’enseignement (AGE) et l’Administration générale du sport (AGS) a été conclu en 2018, afin de promouvoir l’éducation physique dans les écoles. Un des six groupes de travail constitués s’est réuni, avec pour objectif la création d’un label «école sportive». Il sera ainsi mis à la disposition des écoles fondamentales et secondaires un outil diagnostique portant sur l’activité physique dans l’établissement et permettant à celui-ci de s’autoévaluer en la matière. Les finalités de l’outil et de la proposition de label sont, d’une part, d’encourager les écoles à mettre en place ou à améliorer les pratiques liées à l’activité physique, et d’autre part, de partager les bonnes pratiques, comme les devoirs et les applications. Ces bonnes pratiques feront l’objet d’un relevé auprès des écoles participantes et seront diffusées sur les sites et réseaux des deux administrations – AGE et AGS – ainsi que sur la plateforme «e-classe», comme vous le proposiez, Monsieur Desquesnes. Enfin, je tiens à souligner que l’application Formyfit est payante, à raison de trois euros par mois et par enfant, et qu’elle est proposée par une entreprise commerciale, ce qui me semble problématique, eu égard aux prescrits légaux entourant notamment la gratuité scolaire et, comme nous l’évoquions avec Mme de Coster-Bauchau, à la pratique d’activités commerciales dans les écoles.
Quant à mon soutien éventuel au projet, n’oublions pas que si le choix de la mise en œuvre d’une telle application dans un cours d’éducation physique relève de la liberté pédagogique, il doit néanmoins s’inscrire dans le respect des référentiels de compétence officiels.