Question orale de Mme Sobry à M. Daerden, Vice-Président du Gouvernement et Ministre du Budget, de la Fonction publique, de l’Égalité des chances et de la tutelle sur Wallonie-Bruxelles Enseignement sur “Les encouragements à la pratique du coworking”
Mme Rachel Sobry (MR). – La pratique du télétravail connaît un succès important auprès des agents du Ministère de la Fédération Wallonie–Bruxelles. D’après les chiffres que vous aviez communiqués en novembre 2019, on estime à 1 900 le nombre des agents concernés, soit environ 30 % du cadre des personnes employées au sein des différents services. Ce constat était préalable à la crise du coronavirus qui a généralisé la pratique du travail à domicile pendant de longues semaines et qui a, sans doute, contribué à faire évoluer les mentalités sur ce mode d’organisation du travail. S’il présente de nombreux avantages, le travail à distance comporte aussi des risques, en particulier sur le plan psychosocial avec la perte des limites entre vie professionnelle et vie privée, l’affaiblissement des relations interpersonnelles, car on ne voit plus ses collègues si ce n’est au travers d’un écran, ou encore la limitation des échanges de savoirs et de collaboration. Comme vous l’aviez annoncé en commission, il faut rester attentif à ne pas désocialiser le travailleur.
À cet égard, l’une des solutions à la problématique exposée repose sur la pratique du coworking. Il s’agit d’encourager le travail collaboratif en incitant les agents à intégrer volontairement des structures de travail partagées, situées près de leur lieu de résidence. L’idée principale est que les travailleurs puissent rencontrer des collègues, voire d’autres professionnels issus d’autres secteurs d’activités, sur la base de l’échange et de l’ouverture. S’il concernait à l’origine essentiellement des travailleurs du secteur privé, le principe du coworking séduit aujourd’hui les professionnels du secteur public. C’est notamment le cas du dispositif des bureaux satellites mis à la disposition des fonctionnaires fédéraux.
Dans la mesure où l’accord de majorité a prévu d’encourager le coworking, pourriez-vous faire le point sur ce dossier? Quel est l’état de la réflexion à ce sujet? Certaines mesures recueilleraient-elles votre préférence? Le cas échéant, lesquelles?
M. Frédéric Daerden, Vice-Président du Gouvernement et Ministre du Budget, de la Fonction publique, de l’Égalité des chances et de la tutelle sur Wallonie-Bruxelles Enseignement.– Madame la Députée, je vous rejoins largement dans vos préoccupations. Il convient tout d’abord de noter que les espaces de coworking sont aujourd’hui systématiquement prévus dans les nouveaux centres administratifs. Ainsi, j’ai par exemple visité des espaces intégrés à l’espace Guillemins à Liège, qui serviront de projet pilote. Une note de fonctionnement relative à cet espace devra prochainement être soumise au comité de direction du ministère de la Fédération Wallonie–Bruxelles. La mise à disposition d’espaces de coworking implique effectivement certains principes de fonctionnement et d’équipement. Je pense par exemple à un système de réservation, à du mobilier adapté ou encore à des outils informatiques. S’il est vrai que le coworking est fortement plébiscité depuis plusieurs années, et notamment dans les structures privées, la crise du Covid-19 a soulevé des inquiétudes bien légitimes quant au partage d’espaces. Il faudra en tenir compte et prendre les dispositions nécessaires, comme la désinfection du matériel, afin de gérer les inquiétudes générées par le partage d’espaces.
Au-delà du partage des lieux et des équipements, le coworking est aussi, et peut-être même avant tout, le partage d’un réseau. Il permet la mutualisation des compétences. La volonté de voir évoluer le cadre de travail va de pair avec l’évolution des modalités du travail, qui doivent devenir plus collaboratives et être axées sur la confiance, l’autonomie, la créativité et les résultats. Il s’agit donc de développer de nouvelles manières de collaborer et de nouvelles postures managériales. Une telle évolution est en cours au sein du ministère, et le périmètre exact de cette évolution fera l’objet de discussions entre l’administration et le gouvernement, notamment dans le cadre du contrat d’administration en cours et dont les conclusions devraient aboutir prochainement. La réalisation de cette évolution nécessite de repenser nos espaces de travail, d’assurer le développement d’outils technologiques nécessaires à la mutualisation des compétences et des outils de travail, et de faire évoluer les mentalités vers cette nouvelle organisation du travail. Ce dernier élément est d’ailleurs fondamental. Il convient en effet de ne pas négliger les difficultés engendrées par ce changement à la fois pour les membres du personnel et pour le management. Les trois principes évoqués sont les principes de base des nouveaux modes de travail.
Avant de généraliser les espaces de coworking, la première étape consistera à faire évoluer notre organisation suivant les principes précités. Dans ce contexte, nous avons prévu le lancement d’un marché de services permettant de désigner un bureau d’études spécialisé pour aider à la définition de nouveaux modes de travail de notre Fédération. A minima, une année sera nécessaire pour aboutir à un nouveau cadre qui devra ensuite être intégré par tous, être accompagné par le développement et la mise à disposition d’outils technologiques indispensables et déboucher à la redéfinition des espaces de travail. Travailler sur ceux-ci avant de faire évoluer la culture d’entreprise reste en effet un écueil important qu’il est souhaitable d’éviter.