Question écrite de Madame Sobry à Madame Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes, sur “Les femmes au foyer ”
Madame la Ministre,
Selon une enquête du magazine « L’Obs », de nombreuses femmes, diplômées et qui ne connaissent aucune pression extérieure, prennent la décision de rester à la maison et de ne plus travailler, généralement après la naissance d’enfants.
Ainsi, en France, l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) estime qu’il y a environ 1,9 million de femmes âgées de 20 à 59 ans qui sont inactives. Parmi les femmes inactives, 54 % d’entre elles le seraient pour des raisons familiales. À titre de comparaison, seulement 7 % des hommes inactifs le sont pour de telles raisons.
Ces chiffres illustrent les difficultés qu’ont toujours de nombreuses femmes occidentales à combiner une vie professionnelle avec leur vie privée. Lorsque plus de temps à la maison devient nécessaire, c’est généralement la femme, au sein d’un couple, qui réduit son temps de travail, fût-ce partiellement.
D’autre part, de nouveaux mouvements, généralement venus des États-Unis, comme le phénomène tradwife (femme traditionnelle) voient le jour sur les réseaux sociaux et font la part belle à ces (jeunes) femmes qui, plutôt que de travailler, décident de s’occuper de leur maison et de leur famille.
Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance des chiffres relatifs aux femmes au foyer en France ? Comment les analyse-t-elle ?
Un phénomène similaire est-il toujours observé chez nous également ?
Des chiffres existent-ils à ce sujet ?
Des mouvements comme tradwife peuvent-ils impacter négativement le taux d’emploi en Wallonie ?
Tient-elle compte de ces tendances dans les politiques qu’elle mène en la matière ?
Réponse de Madame la Ministre Morreale
À l’instar de la France, il existe également en Belgique des études et des chiffres qui appréhendent le sujet.
En 2020, selon l’Enquête sur les forces de travail réalisée par Statbel, parmi la population âgée entre 20 et 64 ans, un peu moins de 300 000 personnes sont dans la catégorie « femmes ou hommes au foyer », soit 4 % de la population active belge. Parmi cette population, 95 % sont des femmes au foyer. En France, cette catégorie de la population active représente 6,3 %. Il apparait donc que le phénomène est moins présent en Belgique qu’en France.
Chaque femme et chaque homme doit avoir la liberté de choisir son mode de vie. Dans ce choix, il est primordial de permettre à toutes et à tous d’accéder à un emploi, car le choix d’être un homme ou une femme au foyer doit être fait sans aucune contrainte directe ou indirecte.
Pour les femmes, l’enjeu de l’autonomie financière est crucial. En effet, la capacité des femmes à subvenir à leurs besoins financiers est souvent compromise par les pièges à l’emploi. Les inégalités des salaires et la précarité de l’emploi entravent leur liberté de choix. Par ailleurs, lors de séparations, elles sont en grand danger de précarisation.
Pour les femmes qui souhaitent travailler, la disponibilité sur le marché du travail est un enjeu majeur. En effet, la difficulté à articuler la vie professionnelle et la vie privée est souvent un frein à l’emploi pour les femmes.
Pour remédier à cette situation, il est notamment nécessaire d’augmenter le nombre de places en crèche afin de permettre aux femmes de travailler tout en ayant un soutien pour la garde de leurs enfants. C’est en ce sens, ainsi que pour favoriser l’augmentation du taux d’emploi en Wallonie que le Gouvernement wallon a mis en place un Plan Équilibre wallon visant à créer 3 143 places d’accueil de la petite enfance dans 114 communes de Wallonie d’ici août 2026.
À mon initiative, ce Plan va aussi permettre de créer près de 700 emplois supplémentaires, sous statut APE, pour l’encadrement des enfants.
Le Gouvernement wallon prévoit également le lancement de deux marchés publics. L’un permettra l’organisation d’un accompagnement sur le plan technique, financier et juridique pour les porteurs de projets sélectionnés, l’autre la réalisation d’audits énergétiques pour les crèches existantes.
Si l’augmentation des places d’accueil de la petite enfance est essentielle, l’implication des pères dans le soin et l’éducation des enfants est également essentielle pour réduire la charge de travail des femmes et leur permettre de se consacrer davantage à leur carrière professionnelle. Dans cette optique, il est nécessaire d’augmenter et de rendre obligatoire le congé de naissance pour les pères.
En somme, la liberté de choix doit être garantie pour toutes et tous, mais cela nécessite des mesures concrètes pour permettre l’égalité des chances sur le marché du travail et une répartition plus équilibrée des responsabilités familiales entre les sexes.