Question orale de Madame Rachel Sobry à MORREALE Christie, Ministre de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes, sur “Les pénuries dans les secteurs du bois et du transport routier.”
Madame la Ministre,
Il ne se passe pas une semaine sans que l’on ne parle des métiers en pénurie dans notre région. La longue liste de questions jointes aujourd’hui en atteste d’ailleurs. Malheureusement, la situation ne va pas en s’améliorant. On entend régulièrement de nouveaux secteurs touchés par un manque de main-d’œuvre.
Le secteur du bois est particulièrement touché puisque plus de 400 offres d’emploi sont diffusées sur le site du FOREm, plusieurs de ces métiers sont d’ailleurs repris comme en pénurie et/ou critiques.
Pour y remédier, le FOREm mettait ces métiers à l’honneur début septembre à Libramont pendant quatre jours afin aussi de présenter la quinzaine de formations que compte la filière et de mettre en place un lieu d’échanges avec les professionnels et les entreprises du secteur.
Le secteur des chauffeurs routiers est lui aussi touché de plein fouet par cette crise et la main-d’œuvre est activement recherchée dans toute l’Europe. Ainsi, le secteur du transport pour le compte de tiers en Belgique chercherait pas moins de 5 000 chauffeurs routiers, selon FEBETRA, la Fédération belge des transporteurs et des prestataires de services logistiques, et la crainte est réelle pour l’avenir dans la mesure où la pyramide des âges n’est malheureusement pas favorable dans ce secteur. La FEBETRA estime que la solution doit inévitablement passer par la multiplication des filières de formation.
Sachant que le Gouvernement entend faire de la formation et du développement des compétences un pilier fondateur de son action, j’ai plusieurs questions à vous adresser.
Comment le Gouvernement peut-il empêcher une aggravation de ces pénuries ? On l’a déjà évoqué plusieurs fois aujourd’hui. Pourquoi le secteur du transport routier ne jouit-il pas d’autant de formations que celui du bois par exemple ? Un événement tel que celui organisé à Libramont peut-il par exemple être mis en place par la FOREm pour les transports routiers ? Les nombreuses formations qui sont mises en place dans le secteur du bois permettent-elles d’entrevoir un avenir meilleur ?
Réponse de Madame la Ministre MORREALE Christie
La liste mise à jour des fonctions critiques et métiers en pénurie dénombre 126 fonctions critiques dont 76 sont en pénurie de main-d’œuvre.
Dans ces fonctions critiques, 41 métiers concernent la construction et 8 métiers concernent le secteur du transport et de la logistique. Le secteur de la construction présente donc le plus grand nombre de métiers en tension. Quel que soit le secteur, la question des pénuries est complexe. Plusieurs formules ont été testées, c’est difficile de maîtriser si les mesures prises ces dernières années ont permis d’améliorer en partie les choses, même si la situation s’aggrave sur le nombre de métiers en pénurie.
Si l’on n’avait pas pris ces mesures-là, la situation aurait-elle été encore plus grave que ce qu’elle n’est aujourd’hui ? Les réponses doivent être totalement multiples pour pouvoir essayer de trouver des réponses à cette situation que nous rencontrons en Belgique, mais partout au sein de l’Union européenne. L’insuffisance de candidats peut être liée à un manque d’attractivité du métier pour des raisons objectives, comme les conditions salariales, le type de contrat, les horaires, la pénibilité ou encore l’insécurité par exemple. Je vais donner quelques exemples de ce que j’ai vu ces dernières semaines.
Il faut entendre les employeurs, parce que la réalité, c’est celle-là : les employeurs disent « on ne trouve pas de main-d’œuvre et l’on a vraiment des difficultés », et de l’autre côté, des travailleurs qui nous disent toutes leurs difficultés, notamment dans le secteur du transport ; dans le centre de formation où je suis allée qui formait des chauffeurs poids lourds, on disait : « c’est toujours complet, les gens réussissent avec un grand taux de réussite, mais après, ce qui est très difficile, c’est que ce ne sont quasiment que des contrats intérimaires ». Cela ne donne pas envie de rester dans un système où il y a beaucoup d’insécurité pour les gens.
Mais aussi pour des raisons parfois plus subjectives telles que l’image du métier, ce qui est évidemment plus difficile à montrer à court terme. Pour pallier le manque d’attractivité, tous les acteurs doivent se mobiliser, et se mobilisent : les pouvoirs publics régionaux et fédéraux, les entreprises, les secteurs professionnels, mais aussi les acteurs de l’orientation et de la formation.
Je viens d’en parler dans les réponses aux questions, sur « Wallonie Compétences d’avenir », on a mis cela en place il y a plusieurs mois en essayant d’avoir une approche collaborative, gagnant-gagnant avec des entreprises et des secteurs professionnels en pénurie, qui a été développée dans un premier temps avec le secteur de la biotech, notamment des opérateurs de construction. On va l’amplifier dans le cadre du Plan de relance.
Des premiers parcours ont été construits en collaboration avec l’enseignement, qui concerne le champ des biotechnologies avec le profil d’opérateur de production. Lorsque la pénurie est liée aux compétences insuffisantes des demandeurs d’emploi, le FOREm et les opérateurs de formation peuvent et doivent jouer un rôle important. La Wallonie développe actuellement un certain nombre d’actions fortes pour essayer de mobiliser les demandeurs d’emploi autour d’opportunités professionnelles, d’actions qui viennent d’être renforcées dans le cadre du Plan de relance et de reconstruction.