Question d’actualité de Mme Sobry à Mme Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes sur « Les résultats de la CIM Santé de ce mercredi 3 mars 2021 »
Mme Sobry (MR). – Madame la Ministre, depuis son lancement début janvier, la campagne vaccinale a connu quelques soubresauts malgré plusieurs phases tests, au point que certains peinent aujourd’hui à avoir une vision claire de qui peut se faire vacciner, avec quel produit, où, via quelle invitation, par qui. C’est vrai qu’en ce début d’année la situation sanitaire est un peu ambivalente parce que, si les vaccinations ne vont probablement pas assez vite, la perspective de vacciner une bonne partie de la population d’ici la fin de l’année, à défaut de la fin de l’été, reste bien présente. Cela représente un réel espoir d’un retour aux libertés.
Pour commencer, l’arrivée progressive du vaccin AstraZeneca change peu à peu la donne puisque, à la suite des résultats très positifs d’une étude écossaise, le Conseil supérieur de la santé recommande désormais de l’administrer également aux plus de 55 ans, d’autant qu’il s’avère bien plus efficace qu’attendu, même chez les plus âgés. En outre, la task force prévoit qu’une moyenne hebdomadaire de 70 000 doses du vaccin Pfizer puisse être maintenue jusqu’à fin mars, sans pour autant compromettre l’administration de la deuxième dose. Par ailleurs, les médecins généralistes réclament depuis quelques semaines maintenant de pouvoir participer activement à la vaccination. Ils ont en effet beaucoup d’atouts de leur côté : l’habitude de vacciner, une répartition dans toute la Wallonie, la confiance de leurs patients, et cetera. Hier encore, Thomas Orban, sur les ondes de La Première, disait : « Évidemment que les généralistes sont prêts, c’est leur métier, ils sont dans la proximité et, contrairement aux centres de vaccination, mon cabinet de consultation ne sera pas vide. »
La CIM ayant été reportée à cet après-midi, Madame la Ministre, je ne peux pas vous demander à l’avance quels en sont les résultats, mais mes questions restent très simples.
Comment le vaccin AstraZeneca sera-t-il utilisé comme levier moteur pour l’accélération de la campagne ?
Un autre levier pour accélérer la campagne serait d’ouvrir les vannes pour des vaccinateurs toujours plus nombreux.
À quand dès lors l’intégration de la vaccination en cabinet médical par les médecins généralistes ? Cette hypothèse sera-t-elle mise sur la table de la CIM cet après-midi ?
Mme Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes. – Madame et Monsieur les Députés, la CIM se tiendra à 16 heures. Nous avons demandé la semaine dernière que le Conseil supérieur puisse se réunir en urgence. Il a travaillé d’arrache-pied sur base des informations que nous avions. Vous l’avez dit : de part et d’autre, les choses évoluent. Je pense que nous devons nous tenir à la notice et aux informations médicales. Puisqu’on nous délivre un médicament, il faut respecter les conditions. Mais respecter les conditions, c’est aussi écouter les études scientifiques qui sont menées en parallèle. Des études scientifiques, il en existe, notamment en Écosse sur AstraZeneca montrant que, maintenant, il y a des données cliniques permettant de l’autoriser aux plus de 55 ans. Cela va permettre, en termes d’organisation de la vaccination, que les stocks qui pourraient tout à fait servir aux personnes de plus de 65 ans dans la stratégie de vaccination actuelle ne pouvaient pas le faire jusqu’à ce que nous le décidions ou que nous ayons l’avis officiel du Conseil supérieur de la Santé. Nous allons dès lors, selon toute vraisemblance, dès le feu vert de nos scientifiques et la réunion des ministres qui va suivre mon intervention, pouvoir organiser la vaccination des personnes de plus de 65 ans, avec des produits qui sont là, mais qui précédemment ne pouvaient pas être utilisés sur les plus de 55 ans. C’est le premier élément. Le deuxième élément concerne la question sur Pfizer. Le Conseil supérieur de la Santé conseille de le maintenir. D’ailleurs, l’Agence européenne des médicaments elle-même a proposé 21 jours. Souvenez-vous, au début de l’utilisation, ils disaient : on peut l’utiliser à partir de 21 jours, puis elle a changé – chose rare – en disant 21 jours. La durée de 21 jours, c’est l’utilisation médicale du produit. Si l’on souhaite élargir, c’est possible jusque 42 jours. En Israël, ils ont montré que, après 35 jours, il y avait encore un taux de protection, après la première dose, qui était assez satisfaisant ; moins bon qu’après 21 jours, mais assez satisfaisant. Par contre, si l’on passait jusqu’à 42 jours, il y avait une diminution du taux de protection.
Le Conseil supérieur de la santé dit : on vous conseille de maintenir 21 jours, de monter à 35 jours éventuellement, si le besoin dans l’épidémie s’en fait sentir. Cela va nous permettre, par exemple, d’utiliser le Pfizer à flux tendu, en se disant que, si l’on avait un problème de livraison à un moment, on pourrait reporter le deuxième rendez-vous d’une semaine ou de deux semaines sans que cela ne pose pas de difficulté. Mais j’ai demandé hier soir que l’on demande l’avis de l’Agence européenne des médicaments pour être sûrs que, juridiquement, nous ne mettrions pas en difficulté des personnes qui se trouveraient malades après la première dose si elle devait être administrée un peu plus tard. La Hollande l’a fait. Nous avons également demandé à la Hollande quelles mesures ont été prises.
Le deuxième élément, c’est la priorité des doses. Je pense qu’il faut faire preuve de souplesse. C’est ce que l’on a demandé en Wallonie aux centres de vaccination qui sont ouverts et qui sont, pour le moment, dédicacés aux professionnels de la première ligne, qui y sont invités : 86 000 invitations sont parties, un peu près 27 000 rendez-vous ont été pris pour ces professionnels. Bien sûr, ils sont prioritaires, mais s’ils laissent des plages libres parce qu’ils prennent le temps pour s’inscrire, notre responsabilité est de nous adapter. Nous adapter, ce n’est pas vacciner le grand public, mais continuer la stratégie de vaccination en demandant aux cercles de médecine générale – ce sont les réceptacles des médecins généralistes – qu’ils se tournent vers les médecins généralistes, en leur disant : « Si vous avez des patients qui ont des comorbidités – je préfère ne pas citer de nom, mais c’est les raisons pour lesquelles les gens sont appelés –, s’ils ont des problèmes de santé qui sont identifiés dans les pathologies par le Conseil supérieur de la santé, alors vous pouvez venir combler les plages. » C’est le travail qui est réalisé par l’ensemble des 26 centres de vaccination qui sont organisés pour le moment en Wallonie.
J’ai également pris contact avec les SAFA, les services d’aide familiale, en leur disant : « Nous avons des plages à vous dédier, on peut accélérer la campagne de vaccination. Souhaitez-vous avoir des créneaux ? » Il y a toujours, et il faut le dire, en termes de praticabilité, nous sommes avec une partie de la population qui souhaite très fort se faire vacciner et une autre partie de la population qui, quand on lui dit de venir, nous disent « oui, mais laissez-nous un peu de temps. Peut-on organiser les modalités sur plusieurs semaines ? » Certains jouent le jeu et on leur dédie des plages. Les SAFA jouent le jeu et, jeudi et vendredi, des centaines voire des milliers de personnes se font vacciner en Wallonie du secteur des SAFA grâce aux plages.