Question orale de Madame Sobry à Monsieur Phillippe Henry, Ministre du Climat, de l’Énergie et de la Mobilité sur “L’utilisation de la bande d’arrêt d’urgence pour le covoiturage sur la E411“
Monsieur le Ministre,
En Wallonie, les bornes spéciales de covoiturage ne rencontrent pas un franc succès. C’est ce que titrait récemment un quotidien qui comparait et qui opposait le projet lancé en deux zones de la E411 à ce qui se fait sur plusieurs grands axes français souvent congestionnés, notamment aux abords des villes de Lyon et de Grenoble.
Le projet wallon a été lancé en 2019, entre Arlon et Sterpenich pour les embouteillages qui sont liés au trafic vers et depuis le Grand-Duché, ainsi qu’entre Wavre et Rosières pour le trafic qui va et qui vient de la capitale. Contrairement au système français qui prévoit une bande à gauche pour les voitures avec plusieurs passagers, le système chez nous prévoyait une circulation à 50 kilomètres par heure sur la bande d’arrêt d’urgence pour les véhicules qui transportent au moins trois personnes et uniquement en cas de bouchons.
La SOFICO a récemment annoncé que ce projet n’avait pas rencontré le succès escompté et qu’il avait donc été ajusté pendant le mois de juillet, réduisant désormais la condition du nombre de passagers de trois à deux, tout en autorisant aussi les motos à l’emprunter.
L’adaptation de ce projet m’a un peu étonnée parce qu’il semble que la bande d’arrêt d’urgence doit pouvoir rester accessible à tout moment. Je pense notamment aux véhicules de secours.
Monsieur le Ministre, je souhaitais faire le point avec vous.
Comment justifiez-vous l’adaptation de ce projet ? Quelles mesures sont prises pour qu’il n’y ait aucun risque d’interférence avec un véhicule de secours, mais aussi avec toute urgence imprévisible, un pneu éclaté et autres ?
Comment expliquer la revue à la baisse de la condition du nombre de passagers ? Quelle communication surtout prévoyez-vous à cet égard à destination des usagers de la route ?
Réponse de Monsieur le Ministre HENRY
Madame la Députée,
Le covoiturage est une des solutions que je souhaite développer comme alternative à l’autosolisme afin d’atteindre les objectifs de la stratégie FAST. Comme vous le rappelez, le projet pilote de bornes de covoiturage sur l’autoroute E411 remonte à 2019. La décision de l’implanter sur la bande d’arrêt d’urgence fut prise par mon prédécesseur. Je ne reviendrai pas ici sur la justification de ce choix quand on sait le budget qui y a été consacré et les difficultés à trouver un consensus pour la poursuite de l’infrastructure au-delà de la frontière grand-ducale. Cela étant, à l’époque, cet aménagement a été jugé comme non problématique, moyennant des aménagements spécifiques. Sur la dizaine de kilomètres concernés, une vingtaine d’îlots ont donc été construits sur la droite de la chaussée à intervalles réguliers, afin de permettre des arrêts d’urgence en toute sécurité.
Actuellement, la faible utilisation de la bande, même si nous désirons toujours l’améliorer, ne constitue pas une contrainte majeure pour la circulation des véhicules d’intervention à ce stade. De plus, le respect du Code de la route oblige tout conducteur à céder le passage aux services d’urgence. Cela reste évidemment d’application sur la bande de covoiturage également. L’assouplissement des conditions d’accès à l’infrastructure découle d’une mesure récente adoptée au Fédéral. Il a été concrétisé cet été par de nouveaux marquages au sol et une signalisation adaptée réalisée en juillet.
L’objectif est avant tout de rendre la bande de covoiturage plus attractive en permettant à un plus grand nombre de l’utiliser. En termes de communication, les usagers ont pu observer les modifications d’affichage. Plusieurs articles de presse ont également relayé l’information, tant cette évolution était attendue depuis un certain temps. Enfin, vous noterez que d’autres mesures en faveur du covoiturage sont également en cours de déploiement sur ce territoire, puisque le Gouvernement a décidé de confirmer la construction de nouveaux parkings de covoiturage à Habay et à Arlon dans le cadre du Plan de relance.
En parallèle, le plan « Mobilité et Infrastructures pour tous » prévoit plusieurs parkings de covoiturage sur la E411 qui se greffent à cette bande de covoiturage. Je peux notamment citer : un parking de covoiturage de 136 places et de 56 places de parking vélo aménagé dans le cadre du projet de Carrefour Diamant à Corroy, le projet d’un parking de covoiturage au nord de l’aire de Bierges, un nouveau parking de covoiturage de plus ou moins 70 places de parking vélos à Wavre, un parking de covoiturage à la sortie de Rixensart. Vous l’aurez compris, cette bande de covoiturage se greffe à un ensemble de projets afin d’offrir des alternatives concrètes à l’usage de la voiture à un seul passager.
Pour renforcer ces aménagements, j’ai également octroyé une subvention à l’ASBL « Autostop solidaire » en Sud-Luxembourg pour la mise en place d’un service de covoiturage spontané dans douze communes proches de la frontière. Ces mesures visent à encourager la pratique du covoiturage à l’échelle de la province et donc, par la même occasion, l’utilisation de la bande de covoiturage.